La honteuse médaille d'or de nos chercheurs

Publié le par desirsdavenirparis5

CHAMPION du monde! Mais personne n'en parle ...

http://sd-1.archive-host.com/membres/up/184215983836263559/sir_2009_world_report.pdf

Au classement de l'institut (espagnol) SCImago, qui recense le nombre de publications d'articles scientifiques dans des revues de haut niveau, notre CNRS national vient d'être classé premier parmi 2 000 organismes de recherche. Loin devant Harvard, Oxford la Nasa ou IBM. 

Alors, cocorico devant ce fleuron de notre identité nationale? Surtout pas. Ni Sarko, ni la ministre Pecresse, ni le CNRS lui-même ne se sont fendus du moindre communiqué. Tandis que le classement de Shanghaï qui  dissèque la faiblesse de nos facs en matière de recherche fait, chaque année, l'objet du concours d'auto flagellation gouvernementale. Sarko a même mis au point un numéro sur ces chercheurs publics français qui sont des pantouflards des paralysés de la publication qui travaillent dans des planques « où il y a de la lumière et (où) c'est chauffé» (sic). Difficile aujourd'hui, après de tels discours de se féliciter de la première place du CNRS.

Pour tout arranger, la Cour des comptes vient de dénoncer dans un rapport les dérives de la recherche privée vers qui vont toutes les préférences de Sarko. Ses magistrats se sont inquiétés de l'emploi de 2 milliards de «crédit impôt recherche ». Bilan: un, cette fleur fiscale a nettement plus profité aux grandes entreprises installées qu'aux petites boîtes audacieuses type start-up: Deux, elle a parfois fait le bonheur de secteurs hautement imaginatifs comme les assurances ou la banque. Qui s'y entendent en trouvailles constructives: titrisation des pertes, bonus déguisés, subprimes, etc.

Trois, enfin, un tiers des bénéficiaires de ces avantages restent à ce jour, selon la Cour, parfaitement introuvables! Autrement dit, la distribution de cette aide massive ne s'accompagne d'aucun contrôle sérieux. Démêler ce sac de nœuds fiscal va nécessiter une investigation serrée. Et on dit que Sarko ne favorise pas la recherche !

J.-F. J.

 

Canard Enchaîné, 18 novembre 2009

Commentaires de nos militants :

 Quand j'ai eu cette information je me suis procuré le classement en question (que vous trouverez en PJ de ce mail) vu que ce résultat m'étonnait. Il y a en fait un biais dans ce classement, puisqu'il met au même niveau des établissements universitaires uniques comme Harvard et des agrégats de centres de recherche comme les instituts Max Planck. Le cas du CNRS est très particulier puisque notamment par le biais des UMR, il couvre en fait l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur français ... Un peu comme si on comptait ensemble par exemple toutes les publications des universités de la Ivy League aux Etats Unis.
Conséquence logique, on trouve ensuite très peu d'autres établissements français dans les 100 premières places du classement.
Cela étant les classements qui nous enfoncent ont eux aussi des biais (et non des moindres), alors ne boudons pas notre plaisir et diffusons largement cette information !
Romain

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  Oui certes, mais quand on sait ce que des classements antérieurs
ont valu aux chercheurs (C) et aux enseignants-chercheurs (EC) de
mauvais traitements - car si Shangaï ne peut seul  être tenu responsable
de l'actuel démantèlement du CNRS et des grands organismes de recherche,
il y a largement contribué, ne serait-ce que par l'exploitation éhontée
qu'en ont faite nos gouvernants dans leurs discours (exemple, Sarkozy à
Orsay, sous prétexte de féliciter un Prix Nobel...) comme dans leurs
actes (lois LOPR puis LRU, modification en cours des statuts des
fonctionnaires, création d'Alliances tous azimuts), on hésite à cracher
sur celui-là.

    Quant à l'amalgame CNRS-Universités qui donnerait une importance
inconsidérée au premier, elle n'est que le fait d'un Institut National
qui était aussi le moteur principal de la recherche. Les UMR sont ce
qu'on a trouvé de mieux au cours des dernières décennies pour stimuler,
avec la coopération entre C et EC, la production et le rayonnement
international de la science française, et bien des observateurs
étrangers, qui enviaient ce système, expriment dans des journaux de tous
bords leur stupéfaction face à la casse actuelle.
    Lorsque le CNRS et quelques autres (INSERM, INRA, INRIA...) auront
été (bientôt) réduits au rôle d'agences de moyens, et la recherche
recentrée sur les Universités,  peut-être certaines des Universités  
accéderont-elles enfin aux 100 premières places des classements
internationaux ? Rien n'est moins sûr car outre que c'est une question
de critères et de moyens - or le budget annoncé pompeusement comme
"croissant" concerne surtout la recherche privée (par le biais du CRI
(Crédit Impôt Recherche) qui, distribué aux entreprises sans aucune
procédure de contrôle prévue, n'a pas jusqu'ici empêché la recherche
privée de péricliter) - il faudra au préalable que, masse critique
exige, quelques universités musclées passent sur le corps de la plupart
des autres.

    Alors, biaisé, ce dernier classement? Oui, certes, mais pas plus que
les précédents. Multiplier les étalonnages de cette absurde course au
mérite a au moins l'avantage d'en démontrer concrètement la relativité.
Et de mettre un peu de baume sur les plaies de ceux et celles qui,
consacrant leur vie à la connaissance et au progrès social, ont du mal à
accepter le mépris largement médiatisé d'un petit caporal qui, pour
justifier la marchandisation de l'enseignement et de la recherche, est
prêt à s'approprier n'importe quel jeu d'évaluation aux dés pipés.

            M.M.Jocelyne
                Directrice de Recherche au C.N.R.S.

 

 

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