Revue de deux mondes

4 janvier 2010  Blog de Jean Louis Bianco : de prés de loin
      
Je n’avais pas eu le temps de vous raconter une journée instructive que j’ai vécue juste avant Noël.   Le 16 décembre, après une matinée de travail à l’Assemblée, nous sommes quelques députés socialistes invités par Louis Gallois pour parler d’EADS, du transport aérien, et d’Airbus. Louis Gallois est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect. On dit qu’il a diminué sa rémunération en arrivant à Airbus/EADS pour la ramener à ce qu’il percevait comme patron de la SNCF. Il vient des équipes de Jean-Pierre Chevénement et il a gardé de son passé un sens de l’intèrêt général et une certaine capacité à résister à la pensée unique. Bien sûr, il recevait parallélement, c’est le travail classique de lobbying, des députés UMP et sans doute d’autres partis.   J’ai appris beaucoup de choses sur les rapports de force au sein du pouvoir économico-politique, entre Dassault, Thalès et EADS. J’ai eu le sentiment d’une réelle recherche pour économiser les consommations de carburant. Il suffirait, entre autres, de voler un peu moins vite, par exemple à Mach 0,70 au lieu de 0,85.   Nous avons aussi parlé de l’opposition, que j’avais déjà perçue, entre syndicats français et allemands, qui ne sont pas d’accord sur le partage du travail industriel entre les deux pays. Tout ceci se passait au cercle Interallié, où l’on m’a fait remarquer que le col roulé n’était pas autorisé et qu’il fallait porter la cravate. Heureusement,j’en avais une sous mon col roulé ! 
         Dès le début de l’après-midi,changement de décor ; je vais en moto à Cergy-Pontoise, quartier Saint-Christophe. Ce quartier est considéré comme "chaud". Je m’ y rends à l’invitation de mes amis de Cités d’avenir, Kamel et Bilal.   Il fait un froid glacial. J’aurais sûrement eu une autre perception de Saint-Christophe si j’avais été seul. Je découvre, dans une population pauvre et bigarrée, une vraie convivialité. Du désespoir, mais aussi un peu d’espoir, à travers les exemples de créateurs d’entreprises. Une boîte de sécurité, montée par un ancien délinquant (!). Un mini-macdo, une petie bijouterie, une boucherie, un atelier de couture, une socièté de conseil en informatique, une agence d’interim spécialisée, et avec succès, dans le placement de personnes discriminées : français d’origine maghrébine ou africaine, handicapés, femmes., etc.   Ces gens travaillent dur, sont heureux et fiers, se connaissent à travers leurs différences, et se respectent. Bien sûr, il ne faut pas idéaliser : la difficulté de vivre reste immense, le chômage et la précarité sont très élevés, la délinquance est une réalité. Mais dans ce monde si loin du cercle Interallié et de la rue du Faubourg Saint Honoré, j’ai découvert un petit soleil d’espoir en ce mois de décembre.
           Ah, j’allais oublier : pour toutes celles et tous ceux que j’ai rencontrés, Ségolène Royal est une véritable icône.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :