La carte qui rend invisible!!!

Publié le par desirsdavenirparis5

Les cartes, comme on sait, sont faites pour gagner des batailles.
En France , les géographes n'ont longtemps eu pour  unique référence que la carte d'"état-major", au 1/80 000, de grande qualité avec ses jolies hachures sur les pentes fortes. L'IGN (INstitut Géographique National) a d'abord changé tout cela et puis  surtout Internet permet désormais de fabriquer toutes les cartes à la demande  et de les bourrer de toutes les données possibles.

Le problème avec les cartes (notamment électorales) ne porte donc plus sur la qualité des cartes qu'on a, mais sur celles que l'on n'a pas ou sur les données qu'on a choisi de n'y pas faire apparaître.
   
Car une carte n'est pas un objet scientifique, une carte est un outil construit en fonction  d'un objectif . répétons-le: une carte sert toujours à mener un combat. Une carte peut avoir un objectif explicite, annoncé dans son intitulé, et un objectif caché, c'est en fonction de celui-là que la carte est évidemment le plus utile  .

Prenons un exemple: le Ministère de l'intérieur publie des cartes de France de résultats des élections régionales. La France est presque toute rose, mais raffinons, faisons varier les intensités du rose et construisons aussi une carte du bleu minoritaire certes mais disposé symétriquement pour réconforter les vaincus Pour le bleu on différenciera arithmétiquement l'intensité de 5 en 5 points entre 30 et 45. Mais pour la carte rose, on utilisera une convention moins attendue: de 40 à 50, de 50 à 55 et puis soudain de 55 à 61 et puis plus de 67. Cette limite de 61 a paru tellement importante qu'il n'y a pas de tranche de 61 à 67 %.

Je pense qu'à ce point le lecteur aura compris où je veux en venir:

Si d'aventure le Ministère avait voulu occulter le résultat d'un/une candidat/e qui aurait fait plus de 60%, mais moins de 61 (cf Ségolène Royal), cette tranche atypique permettait de noyer ce résultat très rare au milieu d'un vaste groupe occidental des sept régions  qui ont dépassé les 55%. Mieux, pour obtenir un groupe leader des plus de 67%, le Ministère a choisi de représenter  sur cette carte la somme des listes de gauche qui n'ont pas fusionné au deuxième tour, ainsi, en constituant ce groupe de trois champions: Midi-Pyrénées, Limousin et Bretagne, noie-t-on  mieux encore le résultat de Poitou-Charentes.
   
Si ce résultat est si redoutable qu'il faille le cacher, c'est un hommage indirect, direz-vous, mais il reste qu'il faut se méfier des cartes.

par Lucile Bourquelot pour Désirs d'avenir Paris

Publié dans Elections-Non cumul

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