Première crise à la direction du PS: Arnaud Montebourg menace d'en appeler aux militants
Dans sa lettre, Montebourg rappelle que «cette promesse était annoncée dans pratiquement toutes les motions présentées au congrès de Reims», mais remarque: «Le parti hésite comme à chaque fois que, depuis dix ans au moins, il a dû constater les progrès de sa propre mise en crise.» Et de regretter qu'«aucun débat sur les primaires n’est programmé ni au bureau national ni à l’université d’été de La Rochelle». Selon nos informations, le député et président du conseil général de Saône-et-Loire pourrait d'ailleurs profiter des retrouvailles charentaises du PS à la fin août pour tenir des débats "off" sur la question.
En cause, la place des primaires dans le calendrier de travail peu à peu esquissé par Martine Aubry (lire nos articles ici et ici): «Une Convention sur la rénovation est annoncée pour les lendemains des régionales, ce qui signifie que son organisation n’aboutira pas avant l’automne vu le temps nécessaire pour le débat. C’est acter une forme d’enterrement tant il est vrai que plus nous nous rapprocherons de l’échéance des présidentielles, plus les primaires seront à la merci de manipulations par les candidats.»
Alors, Montebourg laisse entendre qu'il pourrait chercher à contourner l'opposition de la direction, en s'appuyant sur les militants. Pour cela, il évoque «la mise en œuvre de l’article 6.11 des statuts du parti qui prévoient qu’"à la demande de 35 fédérations ou d’au moins 15% des adhérents, le Conseil national peut décider, après en avoir débattu sur le fond et à la majorité qualifiée des deux tiers de ses membres, d’organiser une consultation directe des adhérents"».
Une telle hypothèse, si elle allait jusqu'au bout, mettrait le parti face à un nouveau clivage interne, entre ceux qui cachent de moins en moins leur suspicion envers l'exercice, qui ruinerait par exemple les espoirs de Dominique Strauss-Kahn, empêché par le FMI et ne pouvant miser que sur une posture d'ultime recours. Les fabiusiens sont également contre, tandis que François Hollande et Bertrand Delanoë restent attentistes.
A l'inverse, les proches de Ségolène Royal et Vincent Peillon, ainsi que l'aile gauche du parti, pourraient soutenir l'initiative. Benoît Hamon est d'ailleurs l'invité de la rituelle fête de la Rose de Frangy-en-Bresse, synonyme de rentrée politique socialiste, invité par Arnaud Montebourg.
Par Mathilde Mathieu
Mediapart.fr