Moins de la moitié des déchets high-tech des particuliers sont recyclés

Publié le par desirsdavenirparis5

Le grand public méconnaît les solutions pour retraiter téléphones portables, téléviseurs et ordinateurs usagés, objets qui contiennent pourtant des substances toxiques et polluantes.

La hotte du Père Noël s'étant vidée, c'est maintenant aux poubelles de se remplir. " Le mois de janvier est traditionnellement la période où nous avons à traiter le plus grand nombre de produits usagés ", observe Christian Brabant, directeur général d'Eco-systèmes, un organisme qui collecte les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) pour le compte des distributeurs et des fabricants.

Les produits high-tech figurant, depuis plusieurs années, en bonne place au pied des sapins, constituent des déchets de plus en plus importants. Car les Français n'hésitent plus à se débarrasser de leurs anciens appareils plutôt que de les faire réparer.

Résultat : les poubelles débordent. On estime à plus de 15 kg le poids des DEEE par an et par habitant. Ces ordures ne sont pas sans risque pour l'environnement lorsqu'elles ne sont pas correctement traitées.

Premier exemple avec les verres au plomb ou au baryum qui composent les tubes cathodiques des téléviseurs et des moniteurs. Le baryum est un métal dont les composés peuvent provoquer des effets nuisibles sur les systèmes cardio-vasculaire et nerveux. Le plomb, quant à lui, s'accumule dans les organismes et est néfaste pour la reproduction et le développement des êtres vivants.

Jusqu'en 1987, certains condensateurs contenaient des polychlorobiphényles (PCB). Ces polluants organiques persistants sont très peu dégradables dans l'environnement, s'accumulent dans l'organisme et peuvent dérégler les systèmes reproductif et immunitaire. Les objets électroniques ou électriques du quotidien renferment également du mercure ou des métaux lourds qui sont autant de produits toxiques.

Invités par les pouvoirs publics à fabriquer des objets moins polluants, les constructeurs réagissent. Apple vient d'éliminer des substances toxiques telles que les retardateurs de flamme bromés, le PVC, l'arsenic et le mercure de sa gamme de produits. Dell a commencé à faire de même, et devrait augmenter, en 2010, la part des emballages en bambou, alternative à la pâte à papier et à la mousse. La firme LG va retirer elle aussi ces matériaux polluants du processus de fabrication d'ici à 2010, et supprimera l'antimoine de tous ses téléphones d'ici à 2012.

En attendant, ce sont des objets beaucoup plus vieux et répondant à des normes environnementales beaucoup moins strictes qu'il convient de recycler. Ce recyclage permet non seulement de protéger l'environnement, mais aussi d'économiser des ressources.

En 2008, Eco-systèmes a traité plus de 70 % des objets collectés par les différents organismes chargés des DEEE. Les 21 323 tonnes de verre de tubes cathodiques récupérées représentent l'équivalent de 1,6 million de nouveaux écrans. Les 23 millions de tonnes de plastiques recyclées assurent une économie de 23,5 millions de litres de pétrole. Les tonnes de ferraille ou de métaux non ferreux obtenues par recyclage constituent une économie correspondant à la consommation de près de 8 000 ménages français.

Et les quantités traitées augmentent. Au cours des neuf premiers mois de l'année, Eco-systèmes a recueilli 193 000 tonnes de DEEE : l'équivalent de toute sa collecte 2008. Sur l'ensemble de l'année, l'organisme devrait récupérer 275 000 tonnes de déchets, un chiffre en hausse de 43 % par rapport au total de l'année dernière.

Pourtant, la France reste encore loin du compte, puisque plus de la moitié des déchets n'est toujours pas traitée. Seulement 50 % des téléviseurs et 20 % des ordinateurs en fin de course sont actuellement recyclés. Les particuliers n'ont presque plus d'excuses pour ne pas recycler leurs anciens produits, tant la collecte s'est améliorée ces dernières années.

A l'autre bout de la chaîne, les organisations caritatives comme Emmaüs s'efforcent de valoriser les anciens appareils.

Une autre possibilité consiste à rapporter ses objets électroniques obsolètes dans les déchetteries (à ne pas confondre avec les décharges, où le tri est moins rigoureux).

Le dépôt peut aussi se faire tout simplement en magasin. Les distributeurs doivent accepter de reprendre gratuitement un ancien appareil lors de l'achat d'un appareil neuf équivalent. C'est une obligation réglementaire, conformément à l'article 8 du décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005. Certaines chaînes, comme Darty, proposent d'échanger les vieux appareils au moment de la livraison. D'autres, à l'instar de Leroy Merlin, mettent en place des armoires de collecte, que l'on ait ou non acheté un appareil dans l'enseigne.

Joël Morio

© Le Monde

Publié dans Ecologie-Environnement

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