Grêce : lentement, le pays s’effiloche
Nouvelles mesures d'austérité annoncées d'un côté, rumeurs persistantes de restructuration de la dette - et donc de faillite du pays – de l'autre : le choix qui s'offre aux Grecs accompagne une sorte de déliquescence de l'Etat, s'inquiète un éditorialiste.
Pour le citoyen moyen, le pullover a commencé à s'effilocher. Les signes sont partout. A Corinthe, où 20 chauffards ont investi sans aucune difficulté un commissariat pour faire sauter leurs amendes. A Pérama, où des syndicalistes ont retourné une voiture de police avec des policiers à l’intérieur. A Kératéa où, depuis des mois, se tient une guérilla contre la police, où l’Etat se montre incapable de réagir [les habitants s'opposent à la construction d'une décharge d'enfouissement des déchets].
Aux péages et sur la place de la Constitution [au cœur d’Athènes], où le collectif "Je ne paie pas" agit en toute impunité et prend en otage ceux qui ne veulent pas violer la loi. A Patras, où des encagoulés s’en prennent à un prix Nobel de 80 ans [James D. Watson, prix Nobel de médecine en 1962].
Mais il ne s’agit pas là seulement de violence et d’anarchie. A DEI, [la compagnie nationale d'électricité], la découverte de dons de millions d’euros à une filiale a révolté les syndicats. Dans l’enseignement supérieur, la notification par un "comité des sages" nous indiquant que nous dépensons plus pour un étudiant que le reste de l’Europe, a été accueillie avec des menaces de fermetures d’universités par les professeurs.