A propos de l’article de D. Meda et J. Fagnani sur la durée du Congé parental

Publié le par desirsdavenirparis5

LE BILLET DE JEAN CANET
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Nous nous sommes récemment élevés contre le projet élyséen de raccourcir le congé parental, et plus précisément, la durée du versement de l'allocation compensant l'arrêt d'activité lié à la naissance d'un enfant. Nous avons, depuis, fait état des toutes récentes préconisations de l’Académie de médecine (Février 2009) contre ce type de décision. 
Dans un article paru dans LE MONDE, daté du 04.03.09, Dominique Meda et Jeanne Fagnani, sociologues confirment, dans l’état actuel, leur franche hostilité à de telles mesures.

Leur approche est clairement sociologique, et son intérêt est d’attirer l’attention sur les conditions qui permettraient de réformer ce congé parental, partageable entre la mère et le père et permettant aux femmes de s’investir pleinement dans leur vie professionnelle.     
Les auteures,  ne seraient prêtes à  accepter un raccourcissement de la durée du congé parental qu’en échange d’un développement considérable  des modes de garde que seul un véritable service public de la petite enfance pourrait mettre en chantier en cinq ans, avec la création de 400.000 places d’accueil (assistantes maternelles et crèches). Ce service serait à lui seul un véritable gisement d’emplois non délocalisables  et constituerait, de ce fait, un  élément clé « d’un plan de relance écologiquement durable axé sur la qualité de l’emploi et les besoins sociaux non satisfaits.» 

Le congé parental est actuellement pris à 98% par les mères, les pères n’y participent encore qu’assez exceptionnellement. La moitié des mères qui se sont arrêtées de travailler après la  naissance ne peuvent revenir sur le marché du travail que sur des postes moins rémunérés, ou dans des conditions de travail dégradées avec parfois des horaires atypiques inconciliables avec les rythmes de la vie familiale. C’est, aussi le cas le plus souvent des femmes peu diplômées ou exposées au risque de la précarité.

Ce n’est qu’au prix d’un congé parental protégé,  réformé : à la rigueur plus court (1),  rémunéré proportionnellement au salaire antérieur et surtout mieux partagé entre le père et la mère - ce qui  permettrait aux femmes de s'investir pleinement et paritairement aux hommes dans la vie  professionnelle. Il ne s’agit pas de sous estimer la question de l'articulation des temps permettant aux hommes et aux femmes de mener vraiment de front vie professionnelle et vie familiale. 
 
Cependant, Dominique Méda et Jeanne Fagnani, en tant que sociologues, gagneraient à ajouter à leur  réflexion l’importance du congé parental postnatal  en tant que l’un des éléments de l’hygiène de vie : l’espèce humaine a besoin d’un temps réservé au développement et au maintien suffisamment prolongé de l’allaitement au sein et à l’épanouissement de la relation précoce intime  mère-enfant, père-enfant et du trio père-mère-enfant.

Jean Canet, 6 mars 2009
                                                          
(1) A nos yeux pas moins de 28 semaines

Publié dans Enfants-Jeunes-Vieux-

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