La refondation du Parti socialiste devra d’abord être idéologique

Publié le par desirsdavenirparis5

Troisième et dernier volet du Tryptique de notre camarade du 5ème arrondissement de Paris, Jean-Marie Toko

3- La refondation du Parti socialiste devra d’abord être idéologique.

 

Aujourd’hui, la gauche, en particulier le PS, pour lequel un retour aux fondamentaux du socialisme serait le meilleur socle de renaissance et de refondation, est traversée, dans tous les sens, par des idées en tout genre : la social-écologie, l’économie solidaire, la gauche solidaire, en sont quelques exemples. Et tout récemment, la notion anglo-saxonne de ‘’care’’ mise en avant par Mme Aubry dans le cadre des discussions sur « le nouveau modèle de développement économique et sociale »

 

Ce foisonnement d’idées, toutes produites par les laboratoires d’idées très actifs autour de la direction du PS et que celle-ci justifie par la nécessité de moderniser le parti, pourrait, à son tour, si l’on n’y prend garde, conduire à un nouvel égarement analogue à celui du libéralisme économique dont le PS n’est pas encore sorti.

 

La notion de ‘’care’’ suscitera sans doute par mal de discussions. L’origine anglo-saxonne peut séduire ou repousser.

 

La présentation du contenu social et philosophique qu’en donne Mme Aubry en évoquant « une société du bien être » qui prend soin de chacun, tout comme chacun doit en prendre soin et aussi des autres, n’existe-t-elle pas déjà, sous une forme institutionnalisée, avec la sécurité sociale ? La question mérite d’être posée. L’urgence serait alors de planifier sa restauration intégrale après toutes les attaques dont elle a été l’objet avec Sarkozy au nom de la réduction des dépenses publiques.

 

Par ailleurs, le souci légitime, pour une dirigeante socialiste, d’œuvrer à l’avènement d’une société de solidarité, d’assistance mutuelle, de justice, d’équité et de compassion, c’est à dire tout l’envers des valeurs du libéralisme économique, peut-il se concevoir dans une économie soumise à la loi des banques, de la grande industrie et de bien d’autres puissants intérêts privés ? L’idée peut avoir le mérite de nous ramener à des références politiques et idéologiques précises.         

 

Intégrée dans une prochaine gouvernance de gauche, cette idée d’inspiration plus morale que politique pourrait-elle faire preuve de l’efficacité requise devant l’étendue des problèmes et les nombreuses catégories sociales en direction desquelles elle devrait, en priorité, être dirigée ?

 

- Parlons de la pauvreté qui ne cesse de grossir et des inégalités qui ne cessent de se creuser ;

- Parlons de ceux qui, de plus en plus nombreux, sont contraints de renoncer aux soins en raison de la destruction de la couverture médicale (en droit comme en structures de soins), d’insuffisance de revenus et de la marchandisation de la santé ;

- Parlons de ceux qui ne peuvent plus se chauffer convenablement et qu’une étude récente évaluait à près de 800 mille personnes au cours de l’hiver dernier.

 

Les défis qui se posent aux socialistes sont de taille. Au nom de la sacro-sainte politique d’ouverture à la concurrence, chère au Traité de Maastricht, l’Etat et les services publics, tels qu’ils se sont construits en France depuis des décennies, dans les traditions républicaines d’égalité et de solidarité, ont été sérieusement mis à mal dans le cadre du libéralisme prôné par l’Europe.

 

En proposant d’ « Inventer un nouveau modèle de développement économique (…) » dans le ‘’Texte d’orientation politique 2008-2011’’, on ne peut y avoir inscrit la défense des services publics et des acquis sociaux et, par la suite, ne rien programmer de hardi pour les réhabiliter.

 

Le projet qu’attend le ‘’peuple de gauche’’ est un projet qui remettra à l’ordre du jour, la restauration des droits acquis au terme des luttes de classes, en lieu et place des bienfaits, illusoires pour le plus grand nombre, de l’économie de marché et du libéralisme dont un certain nombre de responsables socialistes semblent revenus.

 

Espérons en conséquence que les dirigeants socialistes ne s’auto-investiront plus de la responsabilité de prouver qu’ils sont d’excellents gestionnaires du libéralisme économique ou de l’économie de marché :

 

- On attend d’eux qu’ils affichent un projet politique qui devra affirmer que contrairement aux idées que les tenants du libéralisme économique ont réussi à imposer dans les rangs du parti, les luttes de classes ne sont, en aucune façon, un anachronisme, une vision de la société appartenant pas à la préhistoire du socialisme. Ce sont des questions d’une brulante actualité.

 

- On attend d’eux qu’ils se réfèrent au socialisme ; Qu’ils s’appuient précisément sur la puissance publique qu’ils détiendront par les voies démocratiques pour restaurer la tutelle de l’Etat sur les grands moyens de productions : la grande industrie, la grande banque, les grandes entreprises ; Qu’ils inversent les privatisations en cours comme dans les transports à la SNCF ; Qu’ils restaurent le caractère public de tous les services et entreprises qui ont été privatisés ou sont en voie de l’être dans le cadre de « l’ouverture au capital et de la concurrence libre et non faussée » Qu’ils assurent une meilleure redistribution des richesses et des revenus ; Qu’ils mettent fin à la restructuration des hôpitaux et des services de santé, et qu’ils redressent la Sécurité sociale en abrogeant toutes les mesures qui lui ont enlevé les bases et l’esprit dans lesquelles elle a été créée en 1945…

 

Il n’y a pas de risque de s’exposer aux qualificatifs qui ont été déversés sur le président Obama lorsque, sur sa décision, l’Etat Fédéral américain et le Trésor ont pris des participations dans les banques et diverses institutions des marchés financiers pour les sauver de l‘effondrement.

 

Paris le 20 avril 2010.

Jean-Marie TOKO, Sociologue-démographe.

PS 5ème.

La dernière étude de l’INSEE « Revenus et patrimoine des ménages » du 02 avril chiffre à 8 millions le nombre de pauvres et signale que les revenus des catégories sociales privilégiées ont bondi de 70%.

Alerte convergence n° 2, Secours populaire français, octobre 2008.

Conseil national du 6 décembre 2008, ‘’l’Hebdo des socialistes’’ n° 510 du 13 décembre 2008.

Voir A. Montebourg : « (…) Elle aussi [La gauche] s’est laissée étourdir par les mirages et les promesses de croissance que promettaient les libéraux (…) »  dans un article signé de lui dans Le Monde du 21 octobre 2008 intitulé ‘’Le mur de Berlin du capitalisme : Avec la crise financière, c’est une idéologie libérale aveugle qui s’écroule. A la gauche de réponde’’. Et aussi Martine Aubry, à propos de la social-démocratie européenne au lendemain des élections européennes du 7 juin 2009, dans une interview accordée au même quotidien : « (…) Elle s’est laissée imprégner par un certain libéralisme qui était soi-disant le signe de la modernité (…) Le Monde daté des 5 et 6 juillet 2009.

Le président Obama a reçu, à l’occasion de cette politique visant à sauver le capitalisme, des qualificatifs du genre ‘’socialiste’’, ‘’communiste’’, ‘’bolchévique’’. Sans doute des concepts qui ont une résonance infamante dans le contexte étasunien.

Publié dans DA-PS

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