Identitérégionale ou identité nationale ?Comment combattre le jacobinisme sarkozien.

Publié le par desirsdavenirparis5

Identité régionale ou identité nationale ? Comment combattre le jacobinisme sarkozien
Il est impossible de déterminer sinon autoritairement une identité qu'elle soit singulière ou collective. Aucun des critères donnés çà et là n'est déterminant en dehors du seul effet d'un code qui varie suivant les circonstances politiques et comporte donc une part certaine d'arbitraire. L'identité nationale une fois reconnue donne des droits et des devoirs définis par la loi. Elle marque culturellement mais ne détermine pas. Il y a des Français qui n'aiment pas le fromage, ne boivent pas de vin, ne mangent pas de saucisson, ont oublié que leurs ancêtres étaient des cultivateurs (s'ils l'ont été) et préféreraient vivre ailleurs. Ce qui est assez rare : les Français (trait identitaire!) s'expatriant peu (mais c'est en train de changer). On peut être Français et ne pas parler français. C'était le cas des deux tiers des Français il y a encore un siècle et demi. On peut ne pas aimer la France (surtout celle de Sarkozy) ou ne pas aimer les Français qui savent mal l'habiter, ou les deux… Et surtout on peut être totalement indifférent à ce genre de problématique, dont personnellement je n'ai eu à me soucier qu'à l'étranger dans le regard des Autres, et parce qu'il m'a fallu faire des cours de civilisation française avec la nette impression que j'étais là pour vendre nos fromages, et d'une manière générale notre mode de vie avec tout ce qu'il implique. En d'autres termes, je vendais une marque, celle dont j'avais été marquée culturellement et dont j'essayais de me démarquer pour prendre le recul critique nécessaire à sa compréhension.Quand Nicolas Sarkozy dit qu'il a été élu "pour défendre l'identité nationale française", il faut entendre qu'il a été choisi par les grands lobbies industriels français pour défendre la marque "France", rôle de VRP qui est celui de tous les chefs de gouvernement. Les dernières affaires ont quelque peu terni notre image à l'étranger. D'où sans doute ses revirements pour restaurer cette image. On remarquera cependant que si la France était un label garantissant une certaine qualité, et, en particulier, une "qualité de vie" qu'on exportait très bien, l'étiquette ne correspond plus à la réalité du produit. Il y a là un problème de "sincérité" (le mot se retrouve dans les critiques du Conseil d'Etat sur le charcutage électoral dont on nous menace) qui touche autant les biens symboliques que les biens matériels, quand on sait, par exemple, que les marques se sont délocalisées et ne correspondent plus à une production authentiquement française. Ou que le saucisson corse, nous dit le Canard, est fabriqué avec du porc élevé en Chine…Et puis je ne sais comment qualifier ces produits, hélas! bien français, que sont nos armes dont la "qualité" est plutôt de "mort"… Et je n'oublie pas non plus que la question de l'identité nationale est reposée, sans raison valable, par le "frère", l'ami de ces marchands d'armes qui tiennent les médias et d'une certaine façon la direction, voire le cadre et le contenu de la réponse. S'il s'agit d'une manœuvre de diversion, ils auront été très efficaces, tous médias confondus! 
Pourtant, malgré les apparences, la question de l'identité nationale a un rapport étroit avec les régionales et avec les sujets autrement plus préoccupants de la réforme des collectivités locales, etc. Je cite un excellent article de Gérard Desportes , Michaël Hajdenberg - Mediapart.fr"Car c'est bien de recentralisation qu'il s'agit. De la réforme des collectivités locales au Grand Paris, un point aveugle anime la conduite des affaires de l'Etat depuis 2005. Nicolas Sarkozy est en réalité un jacobin de première, un centraliste à l'ancienne qui n'a de cesse de gommer insidieusement les lois de décentralisation, pour faire de Paris l'unique cœur de la France, l'endroit singulier duquel tout part et revient."

Le problème de l'identité nationale n'a donc pas à voir seulement avec l'immigration, mais aussi avec les identités régionales, lesquelles sont réactivées par les futures élections régionales. La Bretagne, par exemple, se réjouit que La Loire Atlantique puisse lui être rattachée et qu'ainsi les Bretons retrouvent l'assiette pleine et entière de leur "identité" avec Nantes, la capitale des ducs. 

Vue de Paris, l'affirmation de ces identités régionales peut nous sembler folklorique. Ce serait sous-estimer la force d'un sentiment anti-jacobin corollaire qui peut être intelligemment utilisé contre la politique du gouvernement actuel et ses tentatives de recentralisation. D'autant que le régionalisme peut apparaître un remède à la crise comme ce fut le cas après celle de 29 ainsi que la gauche de l'époque l'avait parfaitement compris. La question serait alors de savoir qui des Socialistes ou des Verts ou des autres formations de gauche sera le mieux à même de capitaliser cet anti-jacobinisme. Car si Sarkozy est "un jacobin de première", il n'est pas dit que le PS ne soit pas perçu lui aussi comme jacobin. Surtout quand il récuse la pertinence de ce problème de l'identité au nom des valeurs de l'universel. Il se pourrait donc que les Verts qui eux ne se demandent pas si la Terre ment ou non et ne sont pas obsédés par Pétain, mais permettent de vérifier que les politiques, toutes couleurs confondues, eux mentent sur de nombreux problèmes qui touchent à notre pain quotidien et à notre "qualité de vie", pourraient être les bénéficiaires de ce repli sur la Région et ses valeurs terriennes ou terrestres, comme on voudra, mais sûrement terre à terre… Ce qui nous renvoie à l'une des définitions de l'identité nationale, le droit du sol!

Et il y a une région, la nôtre, qui risque de pâtir particulièrement d'une absence d'identité et, d'une certaine façon, de régionalisme. C'est un problème que je soumets à nos candidats : comment lutter contre le jacobinisme sarkozien en Ile de France ? Va-t-on lui opposer un jacobinisme socialiste (ce qui semble être en bonne voie)? Au nom de quelles valeurs peut-on empêcher la prédation de notre territoire ? Et surtout, quels intérêts allons-nous défendre? Là encore les Verts risquent d'avoir un discours plus crédible que le nôtre. Peut-être méditer sur ce cri que ceux de Soixante-Huit ont hurlé avec enthousiasme pour soutenir Cohn-Bendit : "nous sommes tous des Juifs allemands". Quarante ans après, voter pour les épigones de Cohn-Bendit, que je trouve pour ma part plus français que nature, ne serait-ce pas la seule manière pour les Franciliens de refuser le piège de l'identité nationale et ce qu'elle draine de jacobinisme sans pour autant affirmer une identité régionale incertaine?

A moins que l'on ne croie comme moi qu'il serait temps de s'intéresser à l'identité sociale des Franciliens. Car enfin, si je me sens déterminée par quelque chose, dans tous les sens du terme, c'est par mon appartenance de classe, bien que celle-ci du fait de certain discours dominant au PS soit très indéterminée … Mais peut-être n'est-il pas trop tard pour y revenir et y réfléchir ? 

Françoise Chenet




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