Travailler moins pour travailler mieux et travailler tous

Publié le par desirsdavenirparis5

Un article (version espagnole originale ici) très récent du quotidien espagnol El Pais pose la question suivante : Pourquoi l’Allemagne ne crée pas de chômage alors que la chute de son PIB est particulièrement importante en 2009  (-6,1% en 1 an) ?

La réponse semble venir de mesures d’accompagnement de la crise reposant sur la possibilité donnée aux entreprises de réduire la durée du travail. Deux en particulier expliquent ce miracle allemand :

1) des facilités données aux entreprises rencontrant une baisse conjoncturelle de la demande pour réduire le temps de travail de leurs employés, sous la forme du “Kurzarbeit” [littéralement, “travail court”] encouragé par l’Etat. Cette mesure touche 1,5 million de travailleurs concernés par une réduction moyenne d’un tiers du temps de travail, et la mesure a permis de préserver près d’un demi-million d’emplois équivalents temps plein.

2) la “mise en attente” ou suspension temporaire du travail : l’entreprise continue de payer 10 % du salaire, le reste étant quasiment intégralement couvert par l’Etat ; le travailleur reste sur la liste des salariés de l’entreprise, mais sans autre travail que celui de profiter de son temps libre pour se former et se recycler.

De telles mesures montrent que la qualité du  ”pacte social” a une incidence directe sur la capacité d’une société à gérer la crise sociale que traversent l’ensemble des pays occidentaux. La question du partage des fruits d’une augmentation radicale de la productivité en France (multipliée par 5 depuis 1960 alors qu’elle n’avait que doublé entre 1820 et 1960 !) par la diminution du temps de travail est donc clairement reposée par la crise actuelle.

“Travailler moins pour travailler tous” est une alternative crédible au “Travailler plus pour gagner plus” : elle a été testé avec succès en France par plus de 400 entreprises placées sous la loi de Robien au milieu des années 90 et elle sauve aujourd’hui des centaines de milliers d’emplois là où elle est déployée.   Cela mérite au moins de rouvrir le débat.

Par Bertrand LAFORGE le 30/06/2009

http://www.nouvellegauche.fr

Publié dans Entreprises- Economie

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