Aubry et Royal affichent leur entente, avant des européennes à haut risque

Publié le par desirsdavenirparis5

 PARIS, 10 avr 2009 (AFP) - L'entente cordiale qu'affichent Martine Aubry et Ségolène Royal n'est peut-être qu'apparente, mais elle sert le PS à deux mois d'un scrutin européen qui s'annonce à haut risque pour la nouvelle direction, selon des observateurs.

        Le PS a fait bloc - une fois n'est pas coutume- derrière Ségolène Royal, cible des attaques tous azimuts de droite après le "pardon" demandé aux Africains pour les propos en 2007 du président Nicolas Sarkozy. A commencer par sa première secrétaire qui s'est dite "heureuse" de la repentance exprimée par son ex-rivale.

        Venant après d'autres gestes -entrée des "royalistes" dans le gouvernement Aubry, allégeance de l'ex-candidate à la présidentielle qui a dit "être derrière Martine Aubry"-, le consensus sur Dakar marque une nouvelle étape dans la trêve.

        "Elles sont entrées dans une phase d'entente cordiale apparente", analyse François Micquet-Marty, directeur associé de l'institut Viavoice.

        "Cela apparaît comme une réconciliation de façade, on voit bien la rivalité - ne serait-ce que médiatique - derrière", mais elle "était indispensable" car la rivalité entre les deux était "suicidaire, elles autodétruisaient leur image respective et minaient aussi l'image du PS", souligne-t-il, rappelant un sondage sur l'effet dévastateur des divisions internes au PS.

        Pour Gérard Grunberg, politologue (Sciences Po et CNRS), "il est très important dans cette bataille pas très facile que le PS montre son unité et ils peuvent se dire que l'extrémisme de Ségolène peut leur apporter quelque chose par rapport à Besancenot. Ils peuvent en profiter et se disent +Pourquoi ne pas capitaliser ce capital révolte qu'elle incarne?+"

        Selon ce chercheur, le PS "n'a pas le choix". "Pendant deux ans, Ségolène Royal va être toujours en avant et va les amener à se solidariser" dans son anti-sarkozysme.

        Mais, selon un cadre du parti, la direction veut aussi "banaliser" Mme Royal: "en s'opposant à elle, on la faisait mousser davantage, en la banalisant, elle fait partie du dispositif socialiste".

        "La réconciliation permet également de mutualiser un éventuel échec aux élections européennes", renchérit un responsable socialiste.

        Selon une récente étude européenne, les socialistes français seraient à 21,6% d'intentions de vote pour le scrutin de juin (contre 29% en 2004), derrière l'UMP à 25%,7%

        "Les européennes seront avant tout un test pour Martine Aubry, pas un test rédhibitoire et décisif, mais pas anodin non plus, un test sur sa capacité à donner un nouvel élan au PS ", estime M. Micquet-Marty.

        "Les européennes sont indiscutablement l'épreuve la plus difficile pour Martine Aubry. Si elle passe, elle assoit son pouvoir, sinon cela va faire trembler le PS dans ses fondements", relève de son côté un responsable strauss-kahnien.

        Claude Bartolone, proche de la première secrétaire, se veut rassurant: "On est encore très loin" du scrutin, seuls 17% des Français sont au courant de l'élection du 7 juin", dit-il, s'appuyant sur un sondage.

        "Plus nous nous approcherons de l'échéance et plus les Français voudront exprimer un vote utile pour changer l'Europe, réorienter la politique économique et sociale française, adresser un avertissement à Sarkozy", espère-t-il.

        "Le contexte est difficile pour le PS" à ces élections, commente M. Micquet-Marty. "Sur le terrain de la contestation, il sera toujours moins disant que d'autres, notamment Besancenot, et pour ce qui est de ses propositions, elles ne sont pas jugées convaincantes pour l'instant".
 

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