Un autre avis sur les grandes écoles..

Publié le par desirsdavenirparis5

Faut-il déliter les filières d'élite ? Quelques réflexions complémentaires : Effectivement, on mélange tout. Exemple : l'hétérogénéité des "grandes écoles" qui associent sous le même vocable des écoles prestigieuses, type ENS, Polytechnique, etc., des écoles de commerce, des écoles d'ingénieurs, des écoles privées plus ou moins prestigieuses, d'autres publiques, d'autres mixtes, etc., et enfin(?) des écoles auxquelles on accède après concours à bac + 2 (la formation en prépa) et d'autres qui sont à la fin d'un cursus dans l'enseignement supérieur ou à la sortie d'une grande école. Sans parler du statut différent des élèves (on ne dit pas "étudiant"!) qui peuvent être déjà fonctionnaires stagiaires ou au contraire privés en quelque sorte puisqu'ils payent des droits et des frais de scolarité, lesquels dépendent de la tutelle de l'école:  collectivités locales, chambres de commerce, associations, etc. En conséquence, si on veut discuter du problème de grandes écoles, qu'on devrait appeler "écoles supérieures", il serait bon de savoir de quoi on parle. J'ai trouvé sur la toile le site de la Conférence des grandes Ecoles : http://www.cge.asso.fr/cadre_ecole.html qui donne ces infos, entre autres:
STATUT DES GRANDES ECOLESPublic Rattaché à un Ministère : Education Nationale, Industrie, Equipement, Défense, AgriculturePrivé Association "Loi 1901", Société (rare)Consulaire Dépendant d'une Chambre de Commerce et d'IndustrieLes Etablissements privés sont sous tutelle d'un Ministère : Education Nationale (la plupart) mais aussi Industrie et Agriculture.Sur 226 Ecoles ou formations d'ingénieurs, 160 environ sont de statut public. Sur les 145 Ecoles d'ingénieurs, membres de la Conférence des Grandes Ecoles, 104 sont de statut public : 63 sous tutelle du ministère chargé de l'Education Nationale, 12 Agriculture, 10 Défense, 11 Industrie, 5 Equipement, 2 Ville de Paris, 1 Finances. A l'inverse, les Grandes Ecoles de Management reconnues par l'Etat sont presque toutes de statut consulaire (à titre d'exemple, sur les 32 écoles membres du Chapitre des Grandes Ecoles 25 sont de statut consulaire).Sur les 20 Ecoles d'enseignement particulier membres de la Conférence des Grandes Ecoles, 1 relève du Premier Ministre, 4 du ministère chargé de l'Education Nationale, 5 du ministère chargé de l'Agriculture, 4 du ministère de la Défense, 1 du ministère chargé des Finances, 2 du ministère de la Culture, 1 des ministères de la Culture et de l'Industrie, 1 du ministère de l'Industrie et 1 d'une Chambre de Commerce et d'Industrie. 
Plus historique et documenté, wikipédia à "Ecole supérieure en France" : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_sup%C3%A9rieure_en_France 
Plus on va dans le détail, plus l'hétérogénéité à tous les niveaux se confirme et s'accroît. En particulier pour le mode de recrutement, chaque école en ayant plusieurs. Bref, l'égalité par le concours n'est pas un mythe mais tend à le devenir…
Autre problème : les classes préparatoires. Leurs élèves ne se destinent pas tous aux grandes écoles. Leur attrait est proportionnel au discrédit des premiers cycles universitaires. Si l'on améliore l'encadrement des premiers cycles au lieu de renforcer les classes prépas, on devrait logiquement retrouver un bon nombre d'étudiants (et non d'élèves!) qui n'ambitionnent pas de faire X ou l'ENS, etc. On notera que le problème est différent pour les écoles moins prestigieuses mais plus spécialisées et techniques, en gros,  pour les écoles de commerce et d'ingénieurs. C'est donc une question de spécialisation et de finalité.  Pour compliquer un peu plus, il faut savoir que les  chances de réussir à l'un des concours de recrutement de l'éducation nationale sont plus grandes si l'on a fait une classe prépa, même en ayant raté les concours d'entrée à l'ENS. A cela plusieurs raisons : dans les classes prépas, on apprend les techniques des différentes épreuves, on apprend aussi à travailler et peut-être plus décisif, les membres des jurys sont professeurs de classes prépas (proportion variable suivant les disciplines) encadrés par l'inspection générale, elle-même issue de ce corps!Quand on parle de reproduction, il faut aller jusqu'au bout de la chaîne : on ne reproduit pas seulement des populations sociologiquement déterminées (?) mais des habitus et surtout des structures mentales, des cadres épistémologiques, etc. Et je ne parle pas de l'idéologie dite "sous-jacente"! Pour moi, augmenter le nombre des boursiers en classes prépas ne peut qu'affaiblir un peu plus l'université et la recherche si conjointement on ne leur donne pas la possibilité de faire des bonnes études supérieures. Car, insistons, les classes préparatoires ne forment en rien à la recherche. Il faut les réduire à leur fonction première : la préparation exclusive à des concours plus ouverts. Et en aval, limiter drastiquement le pantouflage pour les écoles qui dépendent de l'Etat. Je ne suis pas pour autant pour leur disparition. Il suffirait comme le suggère Romain qu'on amalgame (!) universitaires et profs de classes prépas, par exemple, dans des premiers cycles universitaires à l'issue desquels les étudiants choisiraient de préparer une grande école (et de redevenir élèves) ou de poursuivre leurs études supérieures dans le cadre si peu encadrant de l'université. On peut penser que ceux qui auront pris goût à la liberté n'auront pas trop envie de retrouver un enseignement plus scolaire pour ne pas dire scolastique. Et entre temps, ils auront été informés sur toutes les filières qui leur sont offertes et permises!On en revient toujours au même problème qui se pose depuis la maternelle : les jeux sont faits trop tôt. On force les élèves à choisir trop vite et sans savoir encore ni ce qu'ils veulent ou peuvent, ni surtout quelle est la nature de l'offre et des débouchés. Le mot "choisir" est un euphémisme pour parler d'orientation, voire de déterminisme. C'est aussi un problème d'horizon d'attente pour les enfants des milieux défavorisés  auxquels manque précisément l'horizon sur lequel projeter leur avenir...
Françoise Chenet

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