Séisme au Japon : « une petite fuite nucléaire » est possible

Publié le par desirsdavenirparis5

Un puissant séisme d'une magnitude de 8,9 sur l'échelle ouverte de Richter s'est produit ce vendredi au large des côtes du Japon, générant une alerte générale au tsunami. Des vagues jusqu'à dix mètres de haut ont frappé les côtes est du pays, en particulier la région de Sendaï, emportant des véhicules et détruisant des bâtiments.

Les dégâts sont déjà considérables au Japon, avec des installations pétrochimiques en flammes dans l'est du pays et l'annonce de premières victimes (351 morts et 547 disparus, probablement plus d'un millier de morts selon l'agence Kyodo).
 
Tout le Pacifique est en état d'alerte tsunami, à l'exception des Etats-Unis et du Canada, selon l'administration nationale océanique et atmosphérique des Etats-Unis (NOAA), qui publie la liste des pays concernés. L'Equateur a même décrété l'état d'exception. A Hawaï, les autorités ont ordonné l'évacuation des côtes.
Jointe par Skype, Coline Desnos, étudiante en japonais, 25 ans, résidant dans le quartier d'Asakusa à Tokyo, nous a livré son témoignage. A 380 km de l'épicentre, elle explique que « ça bouge tout le temps », et que même si « les gens sont très préparés au séisme, catastrophe naturelle sur laquelle on ne peut rien faire, ils sont inquiets du risque nucléaire, dont l'homme est responsable et pour lequel les retombées peuvent être beaucoup plus graves ».

Un risque de fuite dans une centrale

L'état d'alerte nucléaire est décrété, rapporte l'AEIA (Agence internationale de l'énergie atomique), alors que quatorze réacteurs dans quatre centrales sont affectés. Si les autorités de sûreté nucléaire japonaise affirment que « les centrales ont été mises à l'arrêt » et qu'« aucune fuite radioactive n'est recensée », il y a quand même des raisons de s'inquiéter. Les autorités recommandent aux riverains de rester à plus de 10 km des sites nucléaires.
Près de la centrale de Fukushima, quelque 6 000 personnes ont été évacuées, dans une zone qui s'étend jusqu'à 3 km autour de la centrale. « Ce n'est pas par hasard », souligne Mycle Schneider, consultant international en énergie et politique nucléaire. Selon l'agence NHK :
« Tepco [la compagnie d'électricité de Tokyo qui exploite la centrale, ndlr] précise que la défaillance d'un matériel a rendu impossible le refroidissement de deux réacteurs de la centrale numéro un de Fukushima. L'entreprise précise qu'elle n'a pas assez de courant pour refroidir les réacteurs, qui se sont arrêtés automatiquement au moment du séisme. » (Voir la vidéo de NHK)

 
Tepco a admis une augmentation de la pression à l'intérieur du réacteur. Pour la faire redescendre, l'entreprise annonce qu'elle va relâcher de la vapeur, prenant le risque d'une « petite fuite nucléaire », selon le ministère de l'Industrie.
Mycle Schneider explique pourquoi le problème de refroidissement du réacteur à eau bouillante de la centrale construite dans les années 60 peut devenir « extrêmement grave » :
« Sans courant, il n'y a pas d'évacuation possible de la chaleur résiduelle, ce n“est pas comme une voiture qui s'arrête si l'on coupe le moteur. La chaleur résiduelle correspond jusqu'à 7% de la puissance du réacteur, et il y a un risque de fusion du cœur si l'on ne continue pas à le refroidir.
Combien de temps faut-il pour que cette fusion se produise ? On ne peut pas dire. C'est en tout cas déjà arrivé à la centrale de Three Mile Island (Etats-Unis) en 1979 : une partie du cœur a fondu. C'est ce qu'on appelle un accident majeur.
Après le tremblement de terre de Kashiwazaki, en 2007, les réacteurs ont été arrêtés. Quatre sur sept n'ont toujours pas été remis en service. Les dégâts ont été pires que ce qui était prévu.”

L'agence japonais Jiji a affirmé vers 16 heures (heure française vendredi) que “la situation devrait vite revenir à la normale à la centrale nucléaire de Fukushima” mais sans citer aucune source. Selon Greenpeace France, qui tente d'éclaircir la situation :
“Aucune nouvelle information ne permet d'affirmer que la situation est sous contrôle.”


Des répliques du séismes pendant plusieurs heures

Le tremblement de terre, l'un des plus violents jamais enregistrés au Japon, s'est produit à une profondeur de 25 km, à 130 km à l'est de Sendai, sur l'île de Honshu.
Un navire avec une centaine de personnes à bord a été emporté par le tsunami, selon la police, et deux trains sont portés disparus.
Dans la capitale, Tokyo, située à 380 km de l'épicentre, les constructions ont été secouées pendant au moins deux minutes et la plupart des occupants se sont précipités dans les rues. (Voir les images de la télévision NNK)

 
Dans le bureau de la BBC à Tokyo, filmé au moment du séisme, des téléviseurs et ordinateurs se sont écroulés sous le coup de la secousse et la lumière s'est éteinte, suscitant la panique parmi les employés présents. Trois heures après le séisme, un journaliste de la BBC signalait qu'il ressentait encore les répliques du séisme dans son studio à Tokyo.
Dans la zone affectée par les vagues géantes, les images filmées par hélicoptère montrent des zones habitées entièrement noyées sous les eaux, des routes balayées, et des débris de voitures ou de bateaux emportés par les flots. Les images de la vague avançant à grande vitesse à travers les champs et les routes du nord du Japon, en charriant d'innombrables déchets, montrent l'ampleur du désastre naturel.

 Sur cette vidéo tournée deux heures après le séisme, on peut voir un tourbillon se former à Ibaraki, sur la côte nord-est du pays.

 
On ignore combien de victimes a fait cette catastrophe, ou si les habitants ont eu le temps de se mettre à l'abri, l'alerte s'étant produite en plein jour au Japon, à 14h46 locales.
Ces nouvelles images, filmées par les résidents d'une maison non loin de la zone la plus affectée, sont spectaculaires et permettent de se rendre compte du cauchemar qu'ont vécu les Japonais ce vendredi.

 
Des images d'incendie dans une raffinerie pétrolière près de Tokyo montrent que les dégats ont été considérables, loin de l'épicentre. L'électricité a été coupée dans de nombreux districts du nord du pays, affectant en particulier quelque 4 millions de bâtiments dans la région de Tokyo.
Le premier ministre japonais Naoto Kan a pris la tête d'un comité en charge de gérer la crise.

Il a appelé à la vigilance du public face aux possibles deuxième ou troisième vague du tsunami. Les Japonais ont un important degré de préparation aux séismes et aux catastrophes naturelles et, après un moment de panique, la population se montre remarquablement calme, rapportent vendredi les correspondants à Tokyo.
L'onde de choc du séisme a été ressentie jusqu'à Pékin, pourtant située plusieurs centaines de kilomètres à l'ouest du Japon, alors que le séisme s'est produit à l'est des côtes japonaises.
Pendant les désastres, les affaires continuent : le yen a chuté par rapport au dollar à l'annonce du séisme…

 


http://www.rue89.com/schneidermann-9-15/2011

(http://www.rue89.com)

Par Rue89 | 11/03/2011 | 08H28

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