Les jeunes et l'alcool, le nouveau combat des maires

Publié le par desirsdavenirparis5

Depuis le 19 juillet et jusqu'à la fin de l'été, la ville de Lyon a décidé d'interdire la vente d'alcool à emporter après 22h. Cette mesure sensée limiter les excès de consommation, provoque la colère des commerçants et l'incrédulité des jeunes, principalement visés par cet arrêté. Mais est-elle vraiment efficace ?
 
Lieu très prisé par les jeunes lyonnais, les berges du Rhône pourraient cet été se révéler un peu plus calmes. Le mauvais temps n'en est pas la seule cause. La mairie vient en effet de prendre un arrêté interdisant la vente d'alcool à emporter, entre 22h du soir et 6h du matin, et ce jusqu'au 10 septembre. D'une pierre deux coups, la ville entend ainsi lutter contre la consommation excessive d'alcool, "première forme d'addiction chez les plus jeunes" mais aussi "réduire les nuisances engendrées", comme le bruit, les dégradations ou les violences.
Les petits commerçants inquiets

Si la mesure rassure les riverains, elle provoque la colère de certains petits épiciers. Selon eux en effet, l'essentiel du chiffre d'affaire se fait tard le soir, après la fermeture des supermarchés. Mais à Lille où cette mesure est déjà testée depuis un an dans les quartiers étudiants, cet argument laisse sceptique. "Je n'ai encore jamais vu d'épicerie fermer à cause de cette interdiction", explique Roget Vicot, adjoint au maire chargé de la sécurité. Pour lui, la sanction reste indispensable et il se réjouit d'ailleurs que depuis février, dans le cadre de la loi Loppsi 2 (loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure), les municipalités puissent désormais ordonner la fermeture administrative d'un établissement contrevenant. "C'est un moyen beaucoup plus dissuasif que les amendes" selon l'élu.
Une mesure efficace ?

Interdire la vente d'alcool empêchera-t-il cependant les jeunes de boire jusqu'à l'ivresse ? Ces derniers auront toujours la possibilité d'acheter des boissons avant 22h, de consommer dans les bars, voire de contourner cet arrêté en faisant appel à des services de livraison d'alcool à domicile... "Bien sûr qu'il existe des moyens de contourner la loi, mais ce n'est pas une raison pour ne pas poser des limites. Tous les parents le savent", rétorque Michel Craplet, médecin délégué à l'association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA). Pour lui, cette mesure comporte surtout l'intérêt de susciter le débat : "Le problème de l'ivresse des jeunes est réel et en France, on tend toujours à le minimiser ou à le nier, regrette le médecin. Heureusement, les maires ont compris qu'ils devaient et pouvaient agir, sans attendre que l'initiative vienne d'en-haut".
Rennes, ville pionnière en matière de sensibilisation

Précurseur dans cette démarche, la ville de Rennes a ainsi initié depuis 2005 un plan de prévention alcool associant différentes actions de sensibilisation à l'interdiction de vente d'alcool qui débute elle à 20h. Organisation de soirées festives gratuites et sans alcool, prévention par les pairs (étudiants), charte de la vie nocturne signée notamment avec les exploitants de débits de boissons : autant de pistes explorées et que la ville réajuste tous les deux ans, en fonction des besoins identifiés par les professionnels de santé et de sécurité. "Il ne s'agit pas de faire du tout-répressif ou du tout-préventif, mais de combiner les deux, conclut Michel Craplet. Et surtout de ne pas cibler uniquement les jeunes, au risque de les stigmatiser et parce que nous sommes tous concernés". D'autres villes comme Strasbourg, Angers, La Rochelle, Paris ou Nantes ont d'ailleurs décidé elles aussi de tester cette interdiction de la vente d'alcool.
 

Audrey Steeves - publié le 26/07/2011
 
http://www.lavie.fr/actualite/france/les-jeunes-et-l-alcool

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