STOP A LA CULPABILISATION DU SECTEUR DE LA SANTÉ

Publié le par desirsdavenirparis5

Un article de notre camarade de DA 5ème, le docteur Jean Canet
Interpellé par une infirmière sur la pénibilité accrue du travail dans les hôpitaux, Sarkozy n’a eu comme réponse que d’appeler les Hôpitaux au déficit zéro : « Les dépenses de santé ont augmenté de 3,3% cette année, alors que la croissance française était négative de 2,2%. Je me trouve avec un problème, il y a 39% des hôpitaux français en déficit (…) est-ce que c’est normal ? » En fait de « rupture » on est toujours dans la « pensée unique », et on essaie de faire croire qu’on a raison.

L’économiste de la santé, le Pr. Marc Guillaume,  qui enseigne à Paris-Dauphine ne dit pas qu’il n’y a pas lieu d’éviter les gaspillages, mais il conteste nettement le raisonnement dominant actuel qu’il qualifie de malthusien et  comptable Il explique qu’avec l’allongement de la vie, les progrès techniques, l’exigence de sécurité,  on a inévitablement des dépenses supplémentaires surtout si les recettes  diminuent. « Du coup, on jette toujours le même éclairage comptable et culpabilisant sur le secteur de la santé. Et que fait la puissance publique ? Comme un ivrogne qui a perdu ses clés, elle cherche des économies là où elle voit le déficit. A une observation comptable, on répond par des méthodes comptables, trop heureux d’avoir un argument théorique et politique et on répète déficit, déficit, déficit »

On parle aussi sans arrêt du « trou » de la Sécurité Sociale, mais on n’utilise pas ce terme pour parler des déficits considérablement  aggravés des autres budgets quand il s’agit des dépenses élyséennes, de chacun des ministères de la défense, de l’éducation, de l’industrie …

Au moment où le ministre du Budget veut réduire encore les dépenses de maladie en réduisant l’augmentation de leur croissance  (l’ONDAM) à 2%, le Pr. Marc Guillaume affirme nettement : « ce n’est pas raisonnable ».

Selon lui, le secteur de la santé est l’un de ceux qui, du point de vue de l’économie, ont d’incroyables atouts : il est le plus important parce que très porteur en emplois de services ; c’est un  secteur industriel aussi, très riche en recherche et développement et donc d’innovation riche en contenu d’exportation avec pour la pharmacie et les vaccins des marchés mondiaux à conquérir. Il ajoute : « les dépenses de santé n’ont aucune conséquence négative sur l’environnement, la santé est au cœur des industries vertes. »  Il fait allusion aux travaux de Stiglitz (ancien Prix Nobel d’économie) qui, au delà du PIB, introduit de nouveaux indicateurs  que sont la santé  et la qualité de vie de tous et des travailleurs en particulier, la durée de vie sans dépendance et sans handicap etc, qui ne sont jamais pris en compte  dans le discours toujours malthusien sur les « dépenses » de santé. Or, selon le Pr. Guillaume, si on ne freinait pas le développement spontané des dépenses de santé, on aurait un  effet de croissance de 0,1% par an. Les USA  semblent avoir compris cela puisqu’ils  consacrent à la santé 15% de leur PIB.

Et de conclure : « Il faut marteler le fait que le secteur de la santé est un moteur économique qui a un pied dans l’ancienne économie, mais surtout un pied dans le nouveau modèle de développement durable. »

Jean Canet

Publié dans Santé-Sciences

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