Ségolène Royal : le socialisme du XXIè. siècle ?

Publié le par desirsdavenirparis5

Depuis la création de la SFIO en 1905 par Jean Jaurès, le socialisme s'est imposé en France comme l'une des forces combatives contre le capitalisme et son modèle de société, mais également comme un parti de gouvernement. Jean Jaurès déclarait dans un discours à Lille en 1900 : "Si les prolétaires, si les travailleurs ne concevaient pas la possibilité d'une société différente, si tout en constatant la dépendance où ils sont tenus, la précarité dont ils souffrent, ils n'entrevoyaient pas la possibilité d'une société nouvelle et plus juste ; s’ils croyaient, s'ils pouvaient croire à l'éternelle nécessité du système capitaliste, peu à peu cette nécessité s'imposant à eux, ils renonceraient à redresser un système d'injustices". Il entendait ainsi ne pas se cantonner dans la condamnation d'un système mais permettre au socialisme d'accéder au pouvoir pour transformer la société, un idéal indispensable pour éviter une acceptation de ce "système d'injustice".


Le socialisme, parti gouvernemental, avec Léon Blum en 1936 puis François Mitterrand sous les présidences de 1981 à 1995, accédait  au pouvoir pour mettre en pratique son idéal et réaliser une société plus juste. Si le bilan des ces phases gouvernementales n'est pas tout "rose", beaucoup de réalisations ont été toutefois faites pour améliorer les conditions de vie et de travail des salariés. La difficulté pour le socialisme  une fois au pouvoir, confronté à la gestion des affaires, est de maintenir son idéal de transformation de la société. Le gouvernement de Lionel Jospin entre 1997 à 2002 a fini  par se fondre dans l'acceptation de ce "système d'injustices" se transformant aux yeux des  électeurs en socialisme comptable. Une expérience qui s'acheva en  fiasco lors de l'élection présidentielle de 2002, Lionel Jospin laissant Le Pen au deuxième tour face à Jacques Chirac.

L'entrée en scène de Ségolène Royal  en 2006, propulsée par la volonté populaire, contre l'appareil du Parti, provoquait une rupture. La candidate refusait de reprendre le discours orthodoxe du socialisme pour proposer de construire un socialisme du XXIè.s. axé sur un humanisme, en replaçant l'homme au cœur du projet pour assurer à chacun un avenir meilleur, un réalisme économique dans un système globalisé et une prise en compte de la  révolution verte imposant une mutation de tout l'appareil économique. Echouant face à Nicolas Sarkozy, faute d'avoir pu disposer d'un  parti en ordre de bataille, Ségolène Royal entendait poursuivre son action de refondation. Mais lors du congrès de Reims, le triumvirat, Martine Aubry - Dominique Strauss-Kahn  - Laurent Fabius, constitué dans les arrières salles, réussissait dans des conditions "pas très catholiques" à lui faire barrage pour maintenir un socialisme conservateur dans son vocable historique "de gauche" et dans ses finalités de "bon gestionnaire".

La question va immanquablement se reposer, après les régionales, dans la préparation des primaires et l'enjeu ne sera pas seulement autour d'une personne mais bien sur la forme de socialisme : un socialisme gestionnaire ou un socialisme du XXIè siècle, c'est-à-dire offrant un nouvel idéal pour construire une autre société en rupture avec le capitalisme, ce "système d'injustices". 


Publié dans Ségolène Royal

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