Ségolène Royal : "Je veux être la présidente des solutions" (analyse & article papier)
« Sérénité et force citoyenne. Je fais les choses aussi bien que je peux depuis quatre ans et j’attends sereinement les résultats. Vous aurez des surprises. », telles sont les derniers mots de l’interview accordé par Ségolène Royal à Libération, qui fait la une du quotidien aujourd’hui, et s‘étend sur la couverture et les 3 pages suivantes, avec une grande photo centrale en pages 2 et 3, endroit stratégique dans un journal.
Une interview où la candidate à la primaire socialiste multiplie les propositions, coupe court aux questions d’appareil ou sur Dominique Strauss-Kahn.
« Je vais revenir dans la campagne en faisant de la politique par la preuve », souligne Ségolène Royal. Et de parler de la mutation écologique, de la croissance verte, de la voiture électrique, de ce qu’elle a fait au niveau régional et qui n’a pas été fait au niveau national : « Sur ces sujets, l’Etat n’est pas locomotive » actuellement, martèle-t-elle.
Puis de rappeler les propositions très concrètes qu’elle fait « bloquer les prix des produits de première nécessité, ou permettre aux PME de se positionner sur la croissance verte en accédant au crédit par une banque publique d’investissement », par exemple.
Ségolène Royal expose aussi sa vision de l’écologie, contre la taxe carbone, punitive sans voiture électrique abordable, pour le fonds de résistance photovoltaïque.
Elle explique aussi aux Français sa vision de la fiscalité, ne pas augmenter les impôts, redéployer, être imaginatif : « Je n’augmenterai pas les impôts, ça je peux vous le dire. », s’engage-t-elle.
Sur les retraites, après avoir rappelé le mauvais coup du gouvernement Sarkozy - passage à 41,5 années de cotisations pour une retraite à taux plein 9 ans avant l'échéance fixée il y a moins d'un an ! - Ségolène Royal réitère ses propositions aux Français, faites depuis des mois, déjà, de revenir à la retraite à 60/65 ans pour les personnes ayant leurs annuités.
Sur les problèmes européens et de gouvernance mondiale, à partir de l’exemple de la Grèce, elle avance des solutions pour la France et les Français, elle innove :
« Il faudra bien que les banques finissent par prêter sans taux d’intérêt puisqu’elles ont été renflouées par les pouvoirs publics. Là, elles font encore du cash sur le dos des Etats. Pourquoi est-ce que la taxe sur les transactions financières n’est pas encore en place ? Elle pourrait financer un fonds public d’aide aux pays en difficulté pour investir dans des filières stratégiques comme la croissance verte… ».
Les adversaires ? « La droite, l’extrême droite et l’abstention. »
Son premier voyage présidentiel ? « L’Europe, pour la mettre sur une vraie stratégie de croissance. », répond la candidate, en cohérence avec le « gouvernement économique » - et non purement financier - européen qu’elle propose.
La première réforme de sa présidence ? « La réforme bancaire. Il faudra beaucoup de volonté politique pour la faire, mais je pense que c’est la clé de la relance économique. »
Libérationpose alors une question d’appareil : « Face à vous dans la primaire, deux anciens premiers secrétaires, est-ce un handicap ? ». Elle répond respect – « Je respecte tous les candidats. » – et rebondit pour dire les premiers mots de cet article.
En bref Ségolène Royal propose, propose, propose encore et toujours des solutions aux Français, s’adresse aux Français, écoute les Français, ne parle pas appareil – « je ne sais pas faire » disait-elle hier sur LCP - et ne parle pas « soutiens » ni « ralliements ».
Mais Ségolène Royal n’est pas seule en page 2, 3 et 4 de Libération aujourd’hui. En page 3, un article sur François Hollande, « Hollande engrange », avec une minuscule photo type identité incrustée au centre, et en page 4, une demi-page d’article et une demi-page de photo sur Martine Aubry, menton haut, allure fière, en train d écouter les cadres en costume-cravate d’une entreprise de textile à Valence : « À Valence, Aubry entre dans la danse ».
L’article sur François Hollande parle soutiens aux deux tiers et énumère les ralliements, comme le titre l’indique – « engrange », et des conséquences de l’affaire DSK pour le reste. Aucune proposition, pas un mot pour les Français. Jean-Marc Ayrault, qui s’est rallié récemment à François Hollande y dit, sérieusement : « Sa popularité actuelle vient de loin, il a construit son rapport aux Français de manière autonome, et pas à travers un quelconque appareil. ». « Le député-maire de Tulle engrange ces derniers jours les déclarations de ralliement de la part des ténors de la gauche. », écrit Libération.
Le quotidien rapporte les propos des proches de Martine Aubry dans cet article sur François Hollande : « Ses partisans se refusent à faire le compte des soutiens. "Un ralliement ça ne sert à rien dans la primaire", explique l’un de ses proches, rappelant que le PS ne doit pas parler au PS mais à tous les Français. Même ligne de conduite dans le camp d’un autre candidat : "Ce n’est pas une campagne de congrès, ça ne sert à rien de faire tomber les élus comme à Gravelotte." ». Un éclair de lucidité.
L’article sur Martine Aubryentourée de cols blancs, lui, consacre un bon tiers à DSK. Après un passage dans une usine de textiles – gilets pare-balles et parachutes – où elle rappelle le projet des socialistes « Banque publique d’investissement et réforme du crédit impôt-recherche », « Aubry secoue la tête », écrit Libération, quand les employés parlent de leurs difficultés et tranche dans les grands principes : « Nous, nous pensons qu’il faut accompagner ceux qui créent. ». Puis « glisse » : « J’ai été chef d’entreprise ». Voilà ce que Libération a retenu. La suite du programme de la candidate : « Après une visite express à Turin, demain, cette grande fan de culture va courir les festivals : Avignon la semaine prochaine, Arles ensuite, et Morlaix à la fin du mois. ».
Ségolène Royal, elle, continue son tour de la France qui souffre, qui se bat et qui réussit, et devrait prendre quelques jours de vacances, « à la fois dans un équilibre de tranquillité, de repos, et en même temps de travail et de réflexion », comme elle disait sur Europe 1, pour préparer la primaire et l’élection présidentielle, et pour que la vie quotidienne des Français change en 2012. De tous les Français.
Frédérick Moulin
« Je veux être la présidente des solutions »------>>>voir l'article sur
.