Marchand d'armes, un job (souvent) légal
Est-on obligé de magouiller pour vendre des armes?
Nicolas Bazire, l'ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon et ami de Nicolas Sarkozy et Thierry Gaubert, l'ancien collaborateur du président de la République ont été mis en examen par le juge Van Ruymbeke dans le cadre de l'enquête sur le volet financier de l'affaire Karachi. Une semaine plus tôt, l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, proche de plusieurs membres influents de la majorité présidentielle, avait également été mis en examen pour complicité et recel d'abus de biens sociaux. Il est notamment soupçonné d’avoir perçu des commissions illégales de 33 et 200 millions d’euros dans les ventes respectives de sous-marins au Pakistan et de frégates à l’Arabie saoudite dans les années 1990.
Au début du mois de septembre, le journaliste Pierre Péan publiait un livre intitulé La République des mallettes où il décrit la corruption au plus haut niveau de l’Etat français autour des grands contrats d’exportation d’armes. Il y accuse notamment Alexandre Djouhri, homme d’affaire également proche du pouvoir, d’avoir touché autour de 13 millions d'euros de commissions de la part d'EADS sur ordre de Claude Guéant –alors secrétaire général de l'Elysée– pour une vente d'Airbus à la Libye.
La liste des affaires de corruption, supposées ou avérées, autour des contrats d’armement entre la France et des pays étranger est encore longue. Peut-on vendre des armes sans magouiller? Est-on obligé de passer par des intermédiaires douteux ou des commissions illégales pour gagner des contrats d’exportation de matériel militaire?
Tout dépend du pays à qui l’on vend des armes. L’exportation d’armes est encadrée par de nombreuses règes nationales et internationales, et la France dispose d’un des appareils de contrôle des exportations militaires les plus stricts au monde. La vente de matériel de guerre est en théorie prohibée sauf autorisation de l’Etat français. Autorisation délivrée par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDN) et la commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériel de guerre (CIEEMG), que préside le SGDN et qui regroupe notamment les ministères de la Défense, des Affaires étrangères, des Finances et de l’Intérieur.
Ventes «normales»
Commissions
Quelle efficacité?
Un rang à tenir
Grégoire Fleurot