Le projet PS: retour aux préoccupations de l'électorat populaire

Publié le par desirsdavenirparis5

Le Parti socialiste est-il crédible ? A deux ans de l'élection présidentielle, l'esquisse de projet économique et social qu'il s'apprête à soumettre au vote des militants fait figure de test. Certes, il ne s'agit que d'une " matrice " comme prend soin de le préciser Pierre Moscovici, qui a été chargé de le rédiger.

A laquelle le futur candidat ne sera pas tenu de se conformer à la lettre. Le texte est en outre plein d'impasses. Relativement précis sur la réforme fiscale, devenue le grand sujet en période de disette budgétaire, mais très en deçà des attentes sur la réforme des retraites, qui divise le parti et la gauche tout entière. Reste une orientation générale qui autorise quelques remarques.

De ses échecs précédents, le parti de Martine Aubry a incontestablement tiré des leçons : il est devenu moins " bobo " et plus en phase avec les préoccupations de l'électorat populaire. Fini les 35 heures comme projet d'épanouissement. Les socialistes veulent se réapproprier le travail et le pouvoir d'achat, deux sujets sur lesquels Nicolas Sarkozy avait bâti son succès en 2007, mais sur lesquels il a depuis beaucoup déçu. Le PS ne veut pas non plus abandonner au président de la République la défense de l'industrie française. Pour lutter contre les délocalisations, il imagine désormais aux frontières de l'Europe des " écluses sociales ou environnementales ". Une entorse à sa tradition libre-échangiste, qui le rapproche à la fois de Nicolas Sarkozy, devenu le héraut d'une taxe carbone aux frontières de l'Europe, mais aussi du Front de gauche.

" Révolution fiscale "

Deuxième remarque, la mue écologique du PS est en marche, signe que son système d'alliances est en train de muter. Mais la révolution reste maîtrisée : le PS n'entend pas céder aux sirènes de la décroissance. Il considère que produire plus reste la condition sine qua non pour redistribuer. Il continue aussi de défendre le nucléaire tout en poussant les énergies nouvelles. Les discussions avec les écologistes ne seront pas faciles.

Troisième remarque : le PS ne biaise pas avec la réalité. A plusieurs reprises dans son texte, il met en avant " la situation désastreuse des finances publiques ", insiste sur " le nécessaire redressement des comptes publics ", prévient qu'il faudra " réduire la dette publique ". Cela le conduit à réhabiliter, comme en 1981, l'idée de " révolution fiscale " pour trouver des marges de manoeuvre. Mais un non-dit demeure. Qui paiera plus au terme de la fusion entre l'impôt sur le revenu et la CSG ? Seulement les " très riches " ou également le haut des classes moyennes, devenu allergique à la pression fiscale et absolument stratégique dans la reconquête électorale ?

Quatrième remarque : le PS a compris que, pour séduire, il ne pouvait se cantonner au socialisme gestionnaire. La rupture qu'il veut incarner avec le sarkozysme passe par l'affirmation d'un nouveau modèle productif, fondé sur les valeurs traditionnelles de la gauche, le développement durable, et avec l'injection d'une dimension morale : " la société du "care" " portée par Mme Aubry, qui veut que chacun se soucie de l'autre sans abandonner à la seule puissance publique les principes et les mécanismes de la solidarité.

Cela donne-t-il au bout du compte un projet mobilisateur pour 2012 ? Si certaines propositions sont innovantes, comme ce compte formation attribué à chaque Français, il y a aussi beaucoup de retours en arrière. Ainsi, la forte implication revendiquée de l'Etat dans le domaine industriel, avec la création d'un " pôle public d'investissement industriel " fait penser à la période 1988-1993, où le pouvoir socialiste s'était emmêlé les pinceaux dans sa gestion de l'économie mixte. Il reste enfin, à l'égard du monde de l'entreprise, une méfiance dont le PS, au fil de ses conventions, a du mal à se débarrasser.

Françoise Fressoz

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