Le football, le racisme et les milieux populaires
3005 2011
La récente affaire des quotas dans la sélection des meilleurs jeunes footballeurs, un an après l’élimination de l’équipe de France lors de la Coupe du Monde, a mis une nouvelle fois à jour la fonction symbolique du football dans la société française. On a bien vu dans les deux cas comment le monde du foot constituait une forme de dramatisation d’un certain nombre d’enjeux sociaux, comme la question des banlieues, du racisme et de la nation, redevenue la grande affaire. On peut y lire un indice parmi d’autres d’une « racialisation » des rapports sociaux à travers ce sport éminemment populaire, dénoncer la lecture essentialiste qui en est faite et les arrières-pensées politiciennes qui sous-tendent leur mise à l’agenda, mais aussi les dérives qu’elles symbolisent.
L’intérêt du dernier livre de Stéphane Beaud (Traitres à la nation ? Un autre regard sur la grève des Bleus en Afrique du Sud, La Découverte, 2011) est de proposer un cadre d’analyse plus large.
Bien connu pour ses travaux avec Michel Pialoux sur les transformations des classes populaires et des mondes ouvriers considérés à travers leur rapport au travail et à l’école, le sociologue a eu la bonne idée de revenir sur ce qui a fait figure de psychodrame national, sous l’effet de ce qu’il appelle les « entrepreneurs de morale républicaine » (ministres, élus, journalistes, etc.) : le refus des joueurs de l’équipe de France de Football de s’entraîner en Afrique du Sud, le 20 juin 2010. Il met en relation cet événement et les réactions virulentes qu’il a suscitées dans les médias et la classe politique avec le regain de nationalisme qui travaille la société française parmi d’autres sociétés européennes. Plus précisément, il propose de déplacer le regard sur ce qui fût bien une grève, en mettant en perspective les transformations structurelles du football français depuis les années 1970.
PLAN
L’emboîtement des crises
La dynamique des générations
La mondialisation du football
Les raisons d’un fiasco