La prime de 1 000 euros de Baroin rime avec gogo
Après l'introduction – insolite – du « rabot » dans le champ de la décision publique, puis l'idée – surréaliste – d'inscrire l'équilibre budgétaire dans la Constitution au moment même où le pays enregistre un déficit historique de 7% du PIB (136,5 milliards d'euros ! ), François Baroin a annoncé la semaine passée sa dernière création : un mécanisme liant la distribution de dividendes aux actionnaires au versement de primes aux salariés.
Après un petit couplet que n'aurait pas désavoué Besancenot sur les dividendes faramineux remis aux actionnaires et les bonus toujours plus élevés des patrons (ça coûte rien et fait bien voir ! ), voici que le ministre du Budget nous promet une prime « d'au moins 1 000 euros » aux salariés des entreprises versant des dividendes !
Avec cette mesure, on atteint un véritable sommet dans l'art de la communication politico-économique, car on peut déjà dire qu'elle ne traite pas le problème et ne sera pas appliquée.
Le problème – comme le gouvernement le reconnaît enfin – est celui du pouvoir d'achat des salariés, qui stagne au mieux depuis des années, et doit aujourd'hui faire face aux hausses combinées des prix de l'énergie, du logement et des produits alimentaires.
C'est un problème à la fois politique, celui des futurs électeurs se souvenant de la promesse de 2007 sur l'amélioration rapide du pouvoir d'achat, mais aussi économique, car la consommation est le moteur de la croissance française, comme semblent d'ailleurs l'avoir récemment découvert certains ministres.
Les dividendes ont un rôle, mais leur excès pose problème
Le gouvernement a une responsabilité dans la stagnation des salaires
Une proposition qui introduit une nouvelle inégalité entre salariés
…eco.rue89.com/bazar/2011/04/19/la-prime-de-1-000-euros-de-baroin-rime-avec-gogo-200424
Par Gilles Le Blanc | Economiste | 19/04/2011 | 18H37