L'Oréal, chômage, quelques titres à la loupe

Publié le par desirsdavenirparis5

Il faut apprendre à lire ...les titres

 


Il faut saluer la fidélité et le patriotisme de marque des utilisateurs de la ligne pour hommes Men Expert, ou du déodorant Garnier Mineral, essentiellement dans les pays émergents (Chine, Inde, Russie). Vous savez quoi ? Nonobstant les révélations sur le couple Woerth, ou les cadeaux de Liliane Bettencourt à Banier, ils ne se sont pas détournés de leur marque favorite, L'Oréal. C'est le patron de L'Oréal, Jean-Paul Agon, qui le relève, dans une interview aux Echos : "cette affaire n'impacte pas la bonne marche du groupe, comme en témoignent nos résultats" (du premier semestre, NDR). Et en effet, les r&e acute;sultats du premier semestre sont florissants. Que l'affaire Bettencourt ait éclaté le 16 juin, et soit donc de toutes manières incapable "d'impacter" les ventes du premier semestre 2010, en Chine ou en Russie, de la multinationale du cosmétique, n'effleure pas les titreurs de presse qui reprennent l'interview. Impavides, les titreurs titrent : "Bettencourt, pas d'impact sur L'Oréal".

C'est un beau métier, titreur de presse. Créativité, imagination, détermination requises. Mais le jeu en vaut la peine. Un titre bien trouvé peut savamment gommer, ou atténuer, toutes les informations dérangeantes d'un article.  Le titre vous prend par la main. Ce sont les lunettes à travers lesquelles vous allez lire l'article. Savoir déceler, en fin de lecture, que l'article contredit le titre, est un exercice intellectuellement harassant, hors de portée d'un grand nombre de lecteurs.  Cela suppose d'enlever résolument ses lunettes, et de prendre une loupe. Je ne reviens que pour le plaisir sur la magnifique opération de manipulation du Parisien d'hier. "Les révélations de l'ex-médecin des Bleus", promettait la manchette. Et il fallait lire le journal &agr ave; la loupe, pour déduire que "l'ex-médecin" en question n'occupait pas ce poste, à l'époque des faits censément scandaleux qu'il "révélait".

"Le chômage recule pour le deuxième mois d'affilée", titre encore le site du Figaro. Bravo ! Cocorico ! Et c'est  avec la même loupe, qu'il faut chercher dans l'article les détails sur ce "recul", pour apprendre notamment (pour peu que l'on soit familier des "catégories ABC"), que si le chômage recule, c'est en raison du nombre  croissant de radiations de Pôle Emploi, et du nombre tout aussi croissant de jeunes chômeurs qui trouvent "des emplois à temps très partiel", et très précaires. Haut les coeurs ! Le beau métier de titreur, lui, offrira toujours des débouchés.

Daniel Schneidermann

09h15 le neuf-quinze

Publié dans Medias

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