Il faut supprimer le ministère de l'Education nationale
Pour que l'école retrouve son sens, il faut en finir avec ce qui symbolise les déchirements partisans dont elle n’a que faire et les influences démagogiques.
Le métier d’enseignant est un nœud de paradoxes, toujours déchiré entre l’urgence du jour le jour, voire dans certains cas extrêmes de l’heure par heure, et le souci primordial de transmettre un savoir qui, lui, s’inscrit dans une temporalité bien plus ample, sans jamais, ou si rarement, de surcroît, voir les résultats de son travail.
Voici longtemps déjà que, en matière de politique éducative, nous n’avons pas rencontré de véritable vision, de perspective de long terme, venant ajouter au paradoxe, jusqu’au malaise. Et par vision il faut entendre, non pas bien sûr une direction idéologique toujours contestable, mais plutôt l’idée que l’école est un projet, élaboré en commun, qui tend vers l’approfondissement des savoirs, de la conscience et, par-dessus tout, de la liberté.
Néanmoins, en ces temps de (pré)campagne, l’on se prend à rêver, à espérer. Alors, que nous propose-t-on?
A gauche, une certitude au moins : l’éducation sera prioritaire dans la campagne. Il faut s’en réjouir. L’on revient, timidement si l’on excepte François Hollande, sur la suppression des postes; avec plus de conviction sur la question de la formation. Deux idées majeures semblent émerger, chez la plupart des candidats à la primaire socialiste: la nécessité d’assurer une plus grande continuité dans la succession des étapes de la scolarité (primaire, collège, lycée, université) et la refondation du temps scolaire, aussi bien pour les élèves que pour les enseignants.
La mascarade de la carte scolaire
Ce sont là des pistes intéressantes, notamment parce qu’elles se concentrent sur la question du temps, si souvent oubliée, si fondamentale pourtant. Mais, prudemment, attendons de voir qui sera finalement désigné l’homme ou la femme de la situation au moment d’affronter Nicolas Sarkozy, et de quelle façon son discours, alors, se modèlera.
Venues du gouvernement, depuis quatre ans, les solutions, comme souvent, sont de «bon sens»: moins de postes d’enseignants (66.000 suppressions depuis 2007, ce chiffre est toujours bon à rappeler); des internats d’excellence et, pour assurer la symétrie, leur exact envers, les ERS (établissement de réinsertion scolaire); côté pédagogie, pour le collège, l’accent mis avant tout sur le socle commun de connaissances et de compétences — ces dernières restant au fond le véritable enjeu du socle.
Il y eut aussi l’assouplissement de la carte scolaire, une belle mascarade qui permit à ceux qui contournaient le système de le faire plus sereinement, à ceux qui pensaient pouvoir inscrire leur enfant dans un collège ou un lycée d’élite de s’asseoir sur leurs illusions et à la ségrégation scolaire de s’aggraver. L’Inspection générale dès l’automne 2007 et la Cour des comptes en 2009 ont signalé que les conséquences de cette décision phare étaient à l’opposé exactement des objectifs affichés...........
PLAN
Des solutions de «bon sens» qui accentuent les problèmes
Un métier qui ne s'apprend pas?.
L'autonomie, une incantation vide de sens
Réconcilier les enseignants et la société.
Sophie Audoubert enseigne dans un collège zep de Saint-Denis depuis 2001 et a publié «Don Quichotte en banlieue» (août 2008). Ses articles
www.slate.fr/story/43635/supprimer-ministere-education-nationale