FRANCHISES SUR LES MÉDICAMENTS, ce sont les plus démunis qui trinquent.

Publié le par desirsdavenirparis5

Introduites en janvier 2008, les franchises de 0,50 euro sur les boîtes de médicaments et de 2 euros sur les transports sanitaires (le tout plafonné à 50 euros par an et par patient) avaient pour objectif  déclaré d’inciter les patients à réguler leur consommation de médicaments.

 Une enquête de l’IRDES (Institut de Recherche et de Documentation en Santé), effectuée à partir des données déclaratives de l’Enquête santé protection sociale (ESPS) 2008, apporte un éclairage sur les conséquences des franchises en terme d’accès aux soins[1].

Seuls, 12 % des sondés (594 personnes) ont modifié leurs achats de médicaments suite à la mise en place de ces franchises : 64 % ont décidé de n’acheter qu’une partie des médicaments prescrits, 33,5 % ont repoussé dans le temps l’achat de certains médicaments prescrits, 13 % ont procédé à des changements divers, comme le contrôle de leur budget pharmacie ou l’automédication, et 28 % ont discuté avec leur médecin pour réduire leurs prescriptions, ce que le médecin a accepté de faire dans 8 cas sur 10.

Sans surprise, l’étude précise que « plus le revenu augmente, moins cette franchise a affecté le comportement de ces patients en matière de consommation de médicaments ». Ainsi 14 % des sondés ayant un revenu inférieur à 1167 euros mensuels ont déclaré avoir modifié leur consommation de médicaments, contre 8 % seulement pour ceux gagnant 1997 euros.

On relève aussi un écart entre les personnes déclarant souffrir d’une maladie chronique et celles qui n’en ont pas (13 % contre 11 %). « Un effet plus important de ces franchises chez les personnes en mauvaise santé, traduit une perte possible d’accès aux médicaments » comme l’indiquent les auteurs de  l’étude.

Ils  notent que si l’objectif des pouvoirs publics, lors de l’instauration de ces franchises, était de « responsabiliser le patient et les professionnels de santé auxquels celui-ci a recours », le but n’est pas atteint : «  les changements de consommation sont plus fréquents chez les individus disposant de faibles ressources et ceux en mauvaise santé ».

Les auteurs notent une analogie entre ces résultats et ceux d’une précédente enquête Credoc-CTIP de 2005, sur l’impact de la participation de 1 euro au prix de la consultation médicale. « Comme pour la franchise sur les médicaments, note l’IRDES, les changements les plus fréquents étaient observés chez les individus à faibles revenus ».

[1] Les franchises ont-elles modifié les comportements d'achats de médicaments ? 


 Kambia-Chopin B., Perronnin M. 
Questions d'économie de la santé ; Irdes n° 158. 2010/10 

Source Le Quotidien du Médecin, 05/11/2010

Publié dans Santé-Sciences

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article