DILMA ROUSSEF : DEUX OU TROIS CHOSES QUE NOUS SAVONS D’ELLE

Publié le par desirsdavenirparis5

 Non, ce n’est pas l’événement du siècle, mais quand même. Pour la première fois, après cinq cents ans d’existence, le Brésil a élu une femme à la Présidence de la République. Mieux, seule Mme Indira Gandhi en Inde a réussi à avoir  plus de voix que Dilma dans  une élection présidentielle d’un pays aux dimensions continentales (le Brésil compte plus de 185.000.000 d’habitants selon son dernier recensement).

Qui est Dilma Rousseff ? La seule réponse sûre et certaine c’est : elle est une femme.

Une certaine presse, même de gauche, a donné crédit à des rumeurs qui voulaient faire de Dilma une marionnette de Lula. On l’a comparée à Medvedev. Elle sera pour Lula ce que le Président russe est pour Poutine.

Or, Dilma est ni plus ni moins ce qu’on appelle  « une femme de caractère ». Selon ceux qui l’ont côtoyé elle est une « Durona » (en brésilien, quelqu’un qui est plus que dure). On le lui  a  fait le reproche. Lula a répondu à ces critiques faites à Dilma avec l’humour qu’on lui connaît  : « Les hommes politiques, a-t-il dit, se doivent  de montrer leurs dents en toutes circonstances. Les femmes pour s’imposer en politique sont tenues d’avoir l’air toujours sérieux ». Cette boutade de Lula a fait le tour des rédactions des journaux, elle a été diffusée par  les chaînes de  télévision et a circulé de bouche à oreille (« nos bate papos ») dans les cafés et les « botecos de esquina » (petits bars qu’on trouve à chaque coin de rue dans les villes brésiliennes).

Depuis les quelques années de prison et les mois de torture que Dilma a subis à cause de ses activités « subversives » au sein d’un groupe marxiste révolutionnaire qui prônait la lutte armée contre le pouvoir né du coup d’État militaire de 1964, elle n’avait plus besoin de démontrer son courage.

Dans le premier mandat de Lula, Dilma, nommée Ministre des Mines et de l’Énergie a sorti le pays de l’obscurité (cette période est évoquée ironiquement par les Brésiliens par le mot « Apagão ») où l’avait plongé l’impéritie du Professeur Fernando Henrique Cardoso qui avait négligé les besoins croissants d’électricité du Brésil, qui n’avait pas fait à temps les investissement nécessaires à la consommation croissante d’énergie dans le pays qui se modernisait et s’urbanisait à pas de géant.

Dans le deuxième mandat de Lula, Dilma a été nommé à la Présidence de la « Casa Civil » qui correspond à la fonction de Premier Ministre en France où elle a donné pleine satisfaction à Lula et à la grande majorité des Brésiliens par son énergie et efficacité.

Par conséquence, Dilma n’avait plus à faire ses preuves pour devenir la Présidente du Brésil.

Le fait est que la misogynie me semble être la vraie raison de la bassesse de la campagne que Monsieur le Docteur José Serra, le Professeur Fernando Henrique Cardoso et ses acolytes ont menée contre Dilma. Le Parti Socialiste en France a donné un bel exemple en la matière avec la misogynie dont ont fait preuve ses « éléphants » en 2007, attaquant contre ses propres intérêts et contre les intérêts de la gauche, notre candidate à la Présidence, Ségolène Royal.

Freud a fait savoir son impuissance devant l’énigme de cette question qu’il a trouvée dans un roman italien de Cazotte: « Que veut une femme ? ».

Lacan,  lui, a prononcé l’aphorisme qu’on connaît : « La femme n’existe pas ». Cet axiome lacanien  nous interdit de mettre le concept de femme dans l’universel. La logique féminine, au contraire de celle des hommes, ne supporte pas la totalisation. On ne peut pas dire La Femme, alors qu’on peut dire en toute logique comme Socrate Tout Homme.

C’est ce qui faisait dire à Lacan, dans son enseignement, qu’il n’existe pour une femme qu’une seule logique, celle de la singularité où elle (une femme) n’est « pas toute ». C’est la logique lacanienne du « Pas tout » qui selon lui, caractérise le côté féminin de l’humanité.
Par conséquent, les hommes qui sont dans le Tout de l’universel, ont en abjection cette dit – femme et ont en horreur la singularité d’une femme.

Qu’une femme se place du côté masculin, autrement dit, qu’elle « fasse l’Homme », autrement dit qu’elle se virilise et les hommes lui pardonneront d’être ainsi femme.

Alors que si les hommes rencontrent en face d’eux une femme, c’est la haine qui se déclenche quasi automatiquement, c’est la misogynie élevée à la puissance du délire.

Et voici une réponse que j’espère en apportera d’autres qui peuvent mieux expliquer pourquoi des femmes comme Dilma et Ségolène, on les « dit – femme » jusqu’à plus soif.

PS

Militant du 5ème arrondissement

Psychanalyste à Paris

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article