Des programmes d'histoire à vau-l'eau
· L'histoire est parfois «girondine», au sens lamartinien. Le poète, au terme de sa monumentale Histoire des Girondins (1847), aboutissait à cette synthèse à propos de la Révolution, qui constitua longtemps
la clef de voûte intellectuelle et morale de la République: «Une nation doit pleurer ses morts, sans doute,
et ne pas se consoler d'une seule tête injustement et odieusement sacrifiée; mais elle ne doit pas regretter son sang
quand il a coulé pour faire éclore des vérités éternelles.» Empathie et audace.
Espérance critique, de surcroît: «L'histoire de la Révolution est glorieuse et triste comme le lendemain d'une victoire et comme la veille d'un autre combat.»
Loin de «faire éclore des vérités éternelles» jugées simplement bonnes à ressasser, aux antipodes de
l'espérance «d'un autre combat», il y a l'histoire-giron, l'histoire qui berce, rassure et console,
l'histoire mémère pour les pépères: le vert paradis du récit national.
10 Décembre 2010 Par Antoine Perraud