De la Chine et de Haïti

Publié le par desirsdavenirparis5

Extraits d'un rapport imaginaire d'un agent Chinois sur la situation réelle d'Haïti 

Article signé par Cassandre in Café de Géographie

 

"En Haïti, il paraît que 70 % de la population vivrait avec moins d’un dollar par jour, alors que le chômage est aussi de 70 %. Comment est-il possible que tous ces gens ne travaillent pas à longueur d’année ? La nourriture de base est importée à grande échelle par quelques grandes familles très riches et néanmoins un enfant de moins de cinq ans sur deux est malnutri. Grâce aux énormes subventions que le gouvernement étatsunien consent à ses propres producteurs de riz, quelque 9 milliards de dollars par an (sic, lao Hu, sic), le « riz de Miami » a envahi le marché haïtien : en 1996 déjà, Haïti a importé 197 000 tonnes de riz, contre 7 000 tonnes en 1985. Peuvent pas en produire, dans une île tropicale ? On va leur montrer notre Hainan ! Qui bénéficie de ce système ? J’ai lu plein d’études - il y en a beaucoup qui disent ce qu’il faudrait faire. Mais de là aux actes... Il paraît que les petits et les micro-entrepreneurs, qui n’ont aucun accès au crédit, n’en peuvent mais et que seule une quarantaine de familles a accès à des crédits formels. On dit aussi que 2 % seulement du crédit bancaire suffirait à financer le secteur agricole, alors que la faim est générale. Où va donc le reste ? Cela est-il en rapport avec le fait que 1 % de la population bénéficiait de 50 % du revenu national, disait un expert reconnu en 1996, et cela n’a pas changé en 2010. On dit aussi que l’éducation est privatisée à 85 %, ce qui produit 65 % d’illettrés, les autres émigrent dans les universités privées du continent. Il faut que je me renseigne mieux, mais ce n’est pas facile, tu sais, camarade : la dissimulation des vraies statistiques est plus subtile que celle de nos services de la propagande, mais on dit qu’elle serait de la même ampleur : donc, n’ayons pas d’états d’âme à ce sujet, continuons à tricher et à être crus par les géographes qui ont besoin de s’asseoir sur des données chiffrées, les pauvres, pour pouvoir raisonner.

Il faut aussi que je te dise autre chose, camarade. Un changement important s’est produit dans les habitudes de consommation, en lien direct avec le niveau important d’aide en forme de nourriture, administrée en particulier par USAID. Ça, camarade Hu, attention, solennellement attention ! Il est très important que nous disposions rapidement d’une ChinAID, répartie dans le monde entier. C’est ainsi que les Étatsuniens forment une bonne partie de leurs jeunes espions, dès 18 ans : ils disent qu’ils aident, ils entrent dans les villages, ils apprennent la langue, ils ne sont pas mauvais en géographie (on dit qu’un universitaire occidental aurait découvert qu’elle sert à faire la guerre, ouaf ! ouaf !, il était temps ! Qu’ils devaient être bouchés, ses collègues !). Les USAID - ils envoient même des blondes, ça, pour nous, ça va être dur - m’ont dit hier qu’ils sont fiers de fournir 1,2 million de repas gratuits aux Haïtiens chaque jour, dont la plupart sont à base de blé. Mais le blé n’est pas produit en Haïti, ai-je dit, mais d’où vient-il, d’où vient-il ? Ces repas à base de blé sont même distribués aux endroits du pays où la production de riz est suffisante et parfois largement. Pourquoi ? Un Haïtien interprète m’a dit qu’aux États-Unis aussi les productions de blé et de riz sont excédentaires. Faut bien le vendre ailleurs par un discret dumping sous forme d’aide subventionnée. Alors, avec un riz et blé reçus en cadeau, plus aucun Haïtien n’a envie de cultiver et le maïs et la cassave et l’igname. Il se met au chômage et il attend l’aide alimentaire. Nous devons retenir la leçon et en faire systématiquement autant. Rends-toi compte, camarade Hu : Haïti, le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, est le plus grand importateur par habitant de riz américain, avec 197 000 tonnes par an, au coût de 100 millions de dollars ! Ce pays est aussi le plus grand exportateur de personnel disposant d’un niveau d’éducation supérieur, qui file devine où ? Quelques-uns en France, l’ancienne puissance coloniale complètement has been, plein d’autres aux États-Unis et au Canada !""

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