Crise grecque : le spectre de Lehman Brothers
Comment le pays en est-il arrivé à une situation financière aussi catastrophique ? Par Jean-Gabriel Fredet.
Tant pis pour les spectateurs qui prennent en route le feuilleton grec : hormis le spectacle tragique de la longue agonie de l’économie hellène prolongé, hier, par le "nein" d’Angela Merkel à un nouveau plan d’aide et le refus obstiné des Français de restructurer sa dette, ils auront bien du mal à comprendre cette histoire shakespearienne "écrite par un idiot, pleine de bruit et de fureur".
Une histoire "écrite par un fou" ? Plutôt par des fous. Elle commence en janvier 1981, avec le pari insensé de Giscard d’Estaing d’accepter dans l’Union européenne un pays encore marqué par la tyrannie des colonels. Sans structures démocratiques, avec des bases économiques ( tourisme et huile d’olive) fragiles. La folie continue dix ans plus tard quand, sur la foi de comptes publiques truqués (avec l’aide de Goldman Sachs), Bruxelles ouvre les portes de l’eurozone à un pays qui n’a pas la capacité de respecter les critères de Maastricht (déficit budgétaire et dette publique plafonnés).
Encore moins celle de participer à la "convergence" (c’était le mot à la mode) des économies européennes. Le délire ensuite durera dix ans : avec les fonds européens et le drapeau de l’euro, l’économie grecque, prenant des allures de tonneau des Danaïdes, va détourner sans vergogne les crédits de l’Union vers l’escarcelle d’une kleptocratie. A la clé, une dette qui atteint en 2008, 160% de la production annuelle.
La cigale et la fourmi
Haircut
La peste ou le choléra, il faut choisir
Jean-Gabriel Fredet – Le Nouvel Observateur