Côte d'Ivoire : Alassane Ouattara, les débuts d'un hyperprésident
Alassane Ouattara concentre désormais la plupart des pouvoirs entre ses mains. Une situation inédite depuis la mort d’Houphouët-Boigny, mais qui n’est pas sans danger…
Pas de temps mort pour Alassane Dramane Ouattara. Investi en grande pompe à Yamoussoukro, le 21 mai, il a enchaîné sur la réunion du G8 à Deauville, avant de participer au sommet extraordinaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à Lomé et de visiter plusieurs pays amis (Sénégal, Burkina, Nigeria). Sur la scène intérieure, le président ne manque pas un Conseil des ministres, reçoit les diplomates, les responsables d’institutions et même les artistes.
Excellent communicant, Alassane Ouattara est partout. Les journalistes ne s’y trompent pas et, comme à son homologue et ami français, Nicolas Sarkozy, commencent à lui coller l’étiquette d’hyperprésident. Sur les grandes chaînes internationales, dans les médias locaux, sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Myspace), le chef de l’État distille savamment les petites phrases au gré de l’agenda politique. « Je ne dois rien à personne, sauf aux Ivoiriens », glisse-t-il à l’envoyé spécial de Jeune Afrique, au lendemain de son investiture. « Nous aurons 10 000 milliards de F CFA [plus de 15 milliards d’euros, NDLR] pour vous mettre au travail », lance-t-il, quelques jours plus tard, à la diaspora ivoirienne qu’il invite à rentrer au pays lors d’une visite au Nigeria. Aux ministres du gouvernement, il a demandé « de l’action et non des discours », affirmant que « les voleurs iront en prison. »
Une chose est sûre. Le président, qui n’hésite pas à dénoncer l’inefficacité de son prédécesseur qui « a laissé un pays dans un désordre indescriptible », se sent assez fort pour mettre de l’ordre et mener la politique dont il a défini les grands principes et les objectifs dans son programme électoral. Ses priorités : la sécurisation du territoire, la relance de la machine économique, le redéploiement de l’administration. Lassés par des années de crise, les Ivoiriens n’attendent que cela, quelle que soit la méthode employée.
En face de lui, les contradicteurs se font de plus en plus rares.....