Badinter contre Badinter
A peine plus de deux jours après la révélation des propos d’Elisabeth Badinter qui crédite (à tort) Marine Le Pen d’être la seule à défendre la laïcité, force est de constater l’embarras des médias, comme des politiques. A l’exception d’un article, publié d’abord surLe Monde.fr et dans Le Monde (1er octobre), d’une mention incidente dans un papier de Libération (30 septembre) s’amusant que « pour la première fois, le nom de Badinter a été applaudi dans une réunion du FN », la déclaration de la « philosophe féministe » [1] n’a suscité aucune dépêche d’agence, aucun commentaire, ni éditorial. Les rares critiques que vous trouverez en faisant une recherche sur internet sont celles de Sébastien Fontenelle, mon voisin de palier sur ce site [2], et du sociologue Jean Baubérot qui tient un blog sur Mediapart. Hormis ces francs-tireurs et les quelques éléments de réflexion que j’ai fait passer sur Twitter, tout le monde regarde ailleurs. La gêne est manifeste : « Décrochez un icône ? Non, vous n’y songez pas. »
Ce serait pourtant simple de dire qu’Elisabeth Badinter déraille. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. Il y a dix-huit mois, Politis lui avait consacré sa couverture [3].
Là, Elisabeth Badinter apporte tout de go sa caution à Marine Le Pen. Elle le fait, sans y avoir été contrainte, dans un entretien que chacun peut consulter, en réponse à une ultime question, on ne peut plus ouverte [4]. Peu importe qu’elle « déplore » [5] que Mme Le Pen soit la seule à défendre la laïcité puisque le simple fait de le prétendre est, pour un(e) intellectuel(e), une double erreur gravissime.
1. La présidente du Front national, et sa formation d’extrême droite (on ne pourrait les dissocier), ne sont nullement les seuls [6] ; mais cette méconnaissance n’est pas l’aspect le plus grave.
2. Mme Le Pen ne défend en rien la laïcité, telle qu’on l’entend ordinairement. Elle l’utilise à des fins manipulatoires et tient un double discours. La preuve ? Il suffit de se reporter au long entretien qu’elle a accordé au quotidien Présent, les 21 et 22 décembre 2010. .......
par Michel Soudais