Après le tribunal, Bové: "On se retrouvera tous à un moment pour une vraie alternative en 2012"/ "Le début d’une plateforme Verts-PS?"/ Royal: "Pourquoi pas? Ça viendra" Bové: "On y travaille"
Après le tribunal, Bové: "On se retrouvera tous à un moment pour une vraie alternative en 2012"/ "Le début d’une plateforme Verts-PS?"/ Royal: "Pourquoi pas? Ça viendra" Bové: "On y travaille"
José Bové : "Si aujourd’hui on est ensemble, si demain, pourquoi pas, des choses se construisent dans le cadre d’une alternative, tant mieux, c’est ce qu’on veut tous. Mais aujourd’hui, on n’est pas là pour monter un coup"
José Bové, eurodéputé Europe Ecologie et vice-président de la commission Agriculture et développement rural au Parlement européen, a retrouvé Ségolène Royal après l’audience au tribunal de Poitiers mardi après-midi.
La présidente de la Région Poitou-Charentes a rendu un hommage appuyé au « militantisme » des 8 « faucheurs volontaires » dont José Bové, en martelant :
« En donnant de la visibilité au danger des OGM, ils ont poussé le gouvernement à agir, ils ont informé les citoyens, qui aujourd’hui ont le droit de savoir ce qu’ils mangent. »
Elle a aussi rappelé que ce militantisme des « faucheurs volontaires » et celui de la Région, qui a pris position dès 2004, à l’arrivée de Ségolène Royal à la tête de la Région, pour l’interdiction des OGM, se rejoignaient, car le champ fauché portait finalement atteinte « à la valeur travail de tous les paysans de la Région qui sont attachés à la qualité des AOC et des Labels Rouges », rappelant qu’à la moindre trace d’OGM du fait d’une dissémination du champ finalement fauché, tous les Labels et toutes les AOC leur auraient été retirés.
France 2, le mardi soir, au JT, rappelait que la guerre contre les OGM n’était en effet pas gagnée : jusqu’à 0,9% d’OGM peut se retrouver dans les aliments sans que mention en soit faite, et aucune garantie d’absence d’OGM ne peut être donnée pour les produits d’animaux, qui peuvent manger des OGM à longueur d’année sans que ça soit mentionné à la vente.
Dans cette lutte, José Bové et Ségolène Royal combattent du même côté, et peut-être même plus comme le rappelait José Bové à la Maison de Région, avant le procès, devant les caméras de BFM TV :
« Si aujourd’hui on est ensemble, si demain, pourquoi pas, des choses se construisent dans le cadre d’une alternative, tant mieux, c’est ce qu’on veut tous. Mais aujourd’hui, on n’est pas là pour monter un coup. »
Après le procès, Ségolène Royal s’est exprimée devant les caméras de la Nouvelle République, puis José Bové l’a remerciée, et Europe 1 a interrogé José Bové et Ségolène Royal sur un éventuel « début d’une plateforme Verts-PS » :
« Est-ce équitable de condamner 7 faucheurs OGM qui finalement n’ont fait qu’appliquer un arrêté ministériel d’interdiction du maïs transgénique ? Est-ce équitable, et d’un autre côté de fermer les yeux sur les immenses profits que font les grandes firmes internationales en, finalement, mettant en danger notre sécurité alimentaire et sanitaire. Non, ce n’est pas équitable.
Et donc effectivement, c’est un acte de militantisme, heureusement qu’il reste du militantisme, vous voyez, quand le docteur Frachon dénonce le Mediator, elle aussi elle fait un acte de militantisme. Elle est tenue au secret médical, et pourtant elle a farouchement dénoncé, il y a eu plusieurs centaines de morts dans ce médicament. Il aurait mieux valu continuer à se taire ?
Eh bien moi je crois que les gens qui ont le courage de prendre la parole, de dire un certain nombre de choses, eh bien, écoutez, il n’y a rien de dramatique, on a fauché un champ, c’est vrai que c’est une atteinte au droit de propriété, bon, eh bien voilà, le tribunal, je pense, va juger en son âme et conscience.
Mais il est vrai aussi que ce qu’on a jamais dit, c’est que ce champ OGM contaminait le champ voisin, d’agriculteurs qui eux voulaient cultiver sans OGM, donc portait aussi atteinte à la propriété du champ voisin, et portait atteinte aussi à la valeur travail de tous les paysans de la Région qui sont attachés à la qualité des AOC et des Labels Rouges.
Si dès 2004 j’ai décidé avec la majorité régionale, d’interdire tout de suite dès mon élection les OGM dans la Région, c’est parce que toutes les productions de qualité reconnues par les AOC, la race Parthenaise, la viande rouge, l’agneau du Poitou-Charentes, les fromages, le beurre AOC qui est un des 2 seuls beurres de France Appellation d’Origine Contrôlée, tout cela était menacé parce que si on avait trouvé dans les analyses la moindre trace d’OGM, tous les Labels et toutes les Appellations d’Origine Contrôlée nous auraient été retirés.
Est-ce que je devais accepter ça ? Non, je n’accepte pas cela. Et donc moi je leur suis reconnaissante, au-delà, bien sûr, des critères juridiques, il appartient au tribunal de trancher, je leur suis reconnaissante parce qu’en donnant de la visibilité au danger des OGM, ils ont poussé le gouvernement à agir, ils ont informé les citoyens, qui aujourd’hui ont le droit de savoir ce qu’ils mangent. »
Puis au micro d’Europe 1, José Bové a remercié Ségolène Royal, et tous les deux ont répondu à deux dernières questions du journaliste :
« José Bové : voilà, je voulais te remercier au nom de l’ensemble des prévenus, et pour dire que, voilà, ce combat pour une agriculture paysanne sans OGM, mais aussi sans pesticide, c’est un combat commun et qu’on continuera à mener ensemble, moi maintenant au Parlement européen, et puis toi dans ta Région. Voilà.
Ségolène Royal : eh bien écoute, en tout cas, c’est une cause très importante, je pense que les Français ont envie de la sécurité alimentaire et sanitaire. Et les paysans ont envie de vivre de leur travail.
José Bové : tout à fait.
Ségolène Royal : voilà. (Rires de José Bové et de Ségolène Royal)
Europe 1 : en Poitou-Charentes et peut-être au-delà, parce que vous savez qu’elle est candidate quand même à l’élection primaire et à l’élection présidentielle ?
José Bové : alors, là, on est au tribunal, et de toute façon on se retrouvera tous à un moment donné pour créer une véritable alternative en 2012. Je crois qu’aujourd’hui on montre la réalité de ce qu’on peut faire de manière différente.
Ségolène Royal : oui, avec les mêmes valeurs, surtout.
Europe 1 : c’est le début d’une plateforme Verts-PS, là, quand je vous écoute ?
Ségolène Royal : eh bien pourquoi pas ? Ça viendra.
José Bové : on y travaille.
Ségolène Royal : on y travaille. (Rire de José Bové) »