Un Mitterrand nouveau ministre de Sarkozy
Né le 21 août 1947 à Paris (XVIe arrondissement), Frédéric est le fils de Robert Mitterrand, un ingénieur frère d'un futur général (Jacques Mitterrand) et d'un futur président de gauche (François Mitterrand), une incongruité familiale comme une autre.
Un temps enseignant à l'École active bilingue de Paris, Frédéric Mitterrand accompagna, au début des années 1970, les pratiques cinéphiliques de la capitale en se faisant gérant de salles dans le XIVe arrondissement: l'Olympic Palace, l'Entrepôt, puis l'Olympic-Entrepôt, jusqu'à ce qui fût obligé de mettre les pouces en 1986.
En 1981, il réalise un chef-d'œuvre cinématographique: Lettres d'amour en Somalie. Avec l'arrivée de son oncle à l'Élysée, la télévision s'ouvre à lui. Il produit des émissions populaires de qualité, comme «Étoiles et toiles» (1981-1986) ou «Permission de minuit» (1987-1988). Avec une écriture tenant du thrène et une voix bramant tel un Bambi se débattant dans un monde de brutes, il impose un genre unique du commentaire sur images, notamment dans Les Amants du siècle et Les Aigles foudroyés à la fin des années 1990.
Quand la droite s'installa durablement au pouvoir après la parenthèse de son oncle, l'ère des responsabilités lui vint, sans qu'il n'abandonnât les plaisirs du saltimbanque. Commissaire général de la saison tunisienne en France, puis de l'année du Maroc, puis directeur général chargé des programmes de TV5. Et enfin la villa Médicis en juin 2008.
Monarchiste de cœur et surtout de nostalgie, mitterrandien quand il le fallait bien, ayant un temps adhéré au MRG (mouvement des radicaux de gauche), ayant choisi Jacques Chirac plutôt que Lionel Jospin en 1995, ne cachant pas une fascination bien tempérée pour Nicolas Sarkozy, Frédéric Mitterrand apparaît comme une proie reluisante en ces temps d'ouverture prédatrice.
Il n'est pas sans compétences dans le domaine culturel. Certains s'en réjouiront sur le plan de la direction de l'esprit, d'autres y verront des circonstances aggravantes d'un point de vue politique.