Obama-Sarkozy : deux hommes,deux visions, deux politiques

Publié le par desirsdavenirparis5

OBAMA
STYLE DE VIE
Décontracté
- A la télévision américaine, Obama a fièrement présenté le portique qu'il a fait installer sur la pelouse de la Maison-Blanche pour ses deux filles, précisant que ce n'était pas le contribuable, mais lui qui avait réglé l'addition. Le message est limpide : les Obama sont des gens normaux, qui veulent une Maison-Blanche à leur image : ils surveillent les dépenses, invitent amis et même adversaires politiques à des cocktails (le mercredi soir), à des soirées télé et à des concerts privés. Ils sortent aussi souvent que possible en ville, dans des restaurants chics, mais pratiquent aussi deux adresses très bon marché, Ben's Chili Bowl et Five Guys Burger and Fries.
COMMUNICATION
Tous azimuts
- En live sur le Net : la semaine dernière, Obama a chaté avec des millions d'internautes invités à lui poser des questions sur la crise économique. Son objectif maintes fois proclamé : «Ouvrir la Maison-Blanche au peuple américain.» Dans le même esprit, le président américain participe à des rencontres avec le public - deux la semaine dernière en Californie. Pour autant, il ne fuit pas les journalistes : les traditionnelles conférences de presse de la Maison-Blanche sont nombreuses. Voulant être constamment présent dans les médias, Obama hante également la télévision, participant aussi bien à des talk-shows qu'à des émissions sportives ou à des magazines d'actualité.
 OUVERTURE
Grand angle
- Dès le début de son mandat, Obama a recherché le «consensus bipartisan que les Américains appellent de leurs voeux». Ce démocrate ne s'est pas contenté de débaucher quelques personnalités républicaines : il a consulté longuement l'opposition sur le plan de relance de l'économie américaine, et lui a fait des concessions. Dans le même esprit, il a ouvert aux républicains les portes de son cabinet, gardant notamment le secrétaire à la Défense de George Bush, Robert Gates. Cette politique n'a pas été complètement couronnée de succès : les républicains ont massivement rejeté le plan de relance. Mais la conviction d'Obama n'a pas changé : en ces temps de crise, il se doit d'être oecuménique.
EGO
Capacité à l'autocritique
- «I screwed up» : «je me suis planté». En reconnaissant, à peine arrivé à la Maison-Blanche, son erreur quant au choix de son secrétaire à la Santé, Obama a surpris l'Amérique, habituée à un Bush qui n'admettait jamais ses erreurs. Certains ont craint de voir le prestige du président dévalué par un tel aveu. Crainte infondée, si l'on en croit les sondages. Dans la foulée, Obama a téléphoné au président des jeux Paralympiques en s'affirmant «déçu» d'avoir fait une blague foireuse, à la télévision, sur les athlètes handicapés. Obama est pourtant doté d'un ego solide, mais il est aussi capable de dire «nous», comme le prouve son slogan de campagne : «Yes, we can.»
 SPORT
Gym et basket
- Les Obama sont tous les deux des accros de la gym. Chaque matin, Michelle et Barack soulèvent la fonte et courent sur les tapis roulants d'une salle installée au deuxième étage de la Maison-Blanche. Même quand il est en déplacement, le président américain s'inflige une séance d'exercice.
Son sport favori n'en est pas moins le basket : il joue fréquemment avec ses collaborateurs ou ses gardes du corps, et va faire installer prochainement un panier sur un des terrains de tennis de la Maison-Blanche. Naturellement, Barack Obama n'a pas raté la venue à Washing ton de son équipe favorite : il était dans la salle pour voir évoluer les Chicago Bulls.
PEOPLE
Branchés
- Partout dans le monde, les hommes politiques de gauche séduisent davantage les stars de la culture que les hommes politiques de droite. C'est particulièrement vrai pour Obama, qui a carrément raflé à la dernière élection américaine le Tout-Hollywood. Warren Beatty, Brad Pitt, Scarlett Johansson, George Clooney, Michael Douglas et, côté chanteurs, Madonna et Bob Dylan ont pris fait et cause pour le candidat démocrate. Les deux «people» emblématiques des Obama sont Stevie Wonder, qui a déjà été invité à la Maison-Blanche, et Bruce Springsteen, qui a donné un concert à Washington la veille de la prestation de serment.

SARKOZY
STYLE DE VIE
Protégé
- Du temps de Cécilia, Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il comptait s'installer à l'Elysée, après quelques travaux d'aménagement des appartements privés. Le président français vit aujourd'hui dans l'hôtel particulier de sa nouvelle femme, Carla Bruni, dans le 16e arrondissement de Paris. Carla et Nicolas passent en revanche leurs week-ends à l'Elysée, avec leurs enfants respectifs. Le couple présidentiel dîne rarement en ville. Pour vivre heureux, vivons cachés : Carla et Nicolas préférent rester chez eux, en tête à tête, souvent devant un DVD. Il est vrai qu'à la différence des Obama les Sarkozy sont just married.
COMMUNICATION
Cadenassée
- En direct avec des sympathisants UMP : afin de mettre en perspective sa politique économique, Nicolas Sarkozy a choisi de s'adresser, la semaine dernière à Saint-Quentin, à un auditoire qui lui était acquis. Contrairement à ce qu'il avait annoncé, il a par ailleurs renoncé aux conférences de presse ou vertes. Ce qui frappe dans la communication du président français, c'est son refus de la contradiction : quand il accepte de participer à une émission à la télévision, c'est en choisissant ses interlocuteurs. Dans le même esprit, certains de ses proches regrettent qu'il multiplie les déplacements en France sans vraiment rencontrer les Français.
OUVERTURE
Petit angle
- C'est l'une des grandes fiertés de Nicolas Sarkozy : il pratique une politique dite d'ouverture. Mais rien à voir avec la méthode Obama : le président français n'a nullement cherché, par exemple, à associer le PS à la définition du plan de sauvetage de l'économie. Depuis que Martine Aubry est première secrétaire, elle n'a jamais été conviée à l'Elysée. En revanche, Sarkozy aime faire son marché chez les socialistes, séduisant des marginaux du type Kouchner ou Bockel, ou des préretraités comme Lang ou Rocard. Une manière de procéder dont l'opinion de gauche ne lui sait nullement gré car elle ne s'accompagne d'aucun infléchissement de sa politique.
EGO
Tendance à l'autosatisfaction
- «Jusqu'ici, je n'ai pas fait d'erreur» : ce jugement sur sa réponse à la crise, Nicolas Sarkozy le répète à longueur de réunions internes. Alors que beaucoup de commentateurs critiquent son plan de relance, Sarkozy le magnifie : «A la différence d'autres pays, il n'y a eu qu'un plan de sauvetage bancaire parce que c'était le bon.» La capacité à l'autocritique du président français est voisine de zéro : il est fier d'être qualifié d'«omniprésident», se moquant des «rois fainéants» qui l'ont précédé à l'Elysée. Indulgent avec lui-même, Sarkozy est sévère avec ses ministres, y compris ceux qu'il encensait naguère, comme Rachida Dati.
SPORT
Footing et foot
- Longtemps, le sport favori de Nicolas Sarkozy a été le vélo : il le pratiquait notamment en Bretagne, du temps où il passait ses vacances à La Baule. Parallèlement, il s'est toujours passionné pour le Tour de France. A la suite d'une mauvaise chute, il a renoncé au vélo pour ne plus s'adonner qu'au footing. C'est une question d'équilibre : quand il ne court pas plusieurs fois dans la semaine, il se sent lourd. Sarkozy est par ailleurs accro au foot. C'est un vieux supporter du PSG. Quand il était ministre, il fréquentait le Parc des Princes avec son dernier fils, Louis. Il y vient moins depuis qu'il est président et que Louis vit à l'étranger.
PEOPLE
Popu
- En bon Narcisse, Nicolas Sarkozy aime les stars qui lui ressemblent : Michel Sardou, Johnny Hallyday ou Didier Barbelivien, Christian Clavier, Jean Reno ou Mireille Mathieu cultivent un style populaire à la limite de l'anti-intellectualisme. L'actuel président s'en flatte : dans le domaine de la chanson comme dans celui du cinéma, il a les goûts de M. Tout-le-Monde. En choisissant le comique Jean-Marie Bigard comme accompagnateur pour rendre visite au pape, il a cependant forcé le trait. A l'inverse, en se mariant avec une chanteuse, Carla Bruni, il a fait un choix que l'on pourrait qualifier de «rive gauche».
 

Philippe Boulet-Gercourt, Hervé Algalarrondo
Le Nouvel Observateur, 3 Avril
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Obama-Sarkozy : Derrière les sourires
 
Tout aurait dû rapprocher l'atlantiste Nicolas Sarkozy du nouvel espoir de l'Amérique Barack Obama. Mais depuis le début le courant passe mal entre les deux hommes. Question de style, de fond et surtout de confiance


C'était à la mi-novembre, une semaine après l'élection de Barack Obama. Nicolas Sarkozy tient absolument à être le premier à rencontrer le nouveau «taulier de la planète», comme il dit. Alors il utilise tous les moyens pour l'appâter. Voici l'affaire. Le 13 novembre à l'Elysée, Nicolas Sarkozy reçoit le Prix du courage politique pour son action dans la guerre russo-géorgienne. Il est ravi, il se lâche. Dans son discours, il accuse George Bush, son ami devenu si encombrant, de ne pas l'avoir soutenu dans ce conflit. » Je me souviens, raconte-t-il, de l'appel du président américain me disant, la veille de notre départ pour Moscou : «N'y va pas, [les Russes] veulent aller à Tbilissi, ils sont à 40 kilomètres. N'y va pas.»» A la Maison-Blanche, où Bush est toujours là, c'est la stupeur et la colère. Car tout cela est faux.
Procédure exceptionnelle, Steve Hadley le conseiller à la sécurité du président américain, convoque dans son bureau l'ambassadeur de France aux Etats-Unis Pierre Vimont. Au diplomate français, très mal à l'aise selon plusieurs sources, il présente quelques feuillets : la transcription de la conversation téléphonique entre Nicolas Sarkozy et George Bush, ce fameux week-end d'août. Or, loin de dissuader Nicolas Sarkozy dans son entreprise russo-géorgienne, le président des Etats-Unis l'a au contraire vivement... encouragé. «Vas-y, a-t-il dit en réalité, tu as raison, je te soutiens.» Le mensonge du chef de l'Etat français est patent et gravissime pour les relations entre Paris et Washington - présentes et à venir. «Nous commencions à peine à prendre les rênes et voilà ce que nous avons trouvé en haut du dossier Sarkozy : l'affaire du coup de fil à Bush, dit un proche de l'équipe d'Obama. Cela ne nous a pas vraiment mis en confiance.»

Cette confiance, un autre épisode typiquement sarkozien l'ébranle davantage encore deux mois plus tard. Cette fois la scène se déroule à Munich, quelques jours après l'investiture de Barack Obama. Le 7 février, son vice-président Joe Biden vient présenter les grands axes de la nouvelle politique étrangère des Etats-Unis lors d'une conférence internationale sur la sécurité. Pour l'occasion, Nicolas Sarkozy, qui malgré deux mois d'efforts répétés n'a toujours pas réussi à rencontrer Barack Obama, est venu s'entretenir avec le numéro deux de la Maison-Blanche. Il va commettre une autre bévue. Avant l'allocution de Joe Biden, le chef de l'Etat français prononce lui-même un discours. A l'évidence, il veut plaire à son auditoire américain. Il en fait trop. Evoquant le retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan, il parle plusieurs fois de la «famille occidentale», ce qui agace l'équipe Obama-Biden, qui n'emploie jamais cette expression.

Et puis Sarkozy ne peut s'empêcher de vouloir faire étalage de ses contacts avec la nouvelle administration. Alors il déclare tout de go qu'il a déjà lu le discours que Joe Biden s'apprête à prononcer quelques minutes plus tard. Le vice-président des Etats-Unis est estomaqué, il n'en revient pas d'un tel manque de savoir-vivre diplomatique. «Vous étiez censé dire des choses plus agréables à mon endroit», lancera-t-il publiquement à Nicolas Sarkozy pendant son speech. Tout le monde rira jaune. C'est une évidence qu'on connaît dans les coulisses de la République et au-delà : le courant passe mal entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, a beau assurer que leurs relations sont «excellentes», tout ou presque prouve le contraire. Il y a d'abord ce qui est visible, criant même. Le président français est obsédé par son homologue américain, alors que ce dernier ne s'intéresse guère à la France ni à son chef, qui, à sa grande déconvenue, n'est pas parvenu à s'imposer comme le principal interlocuteur de Washington sur le Vieux Continent.
 
La lettre à Chirac

On l'a dit, Nicolas Sarkozy a tout essayé pour rencontrer le chef de la «famille occidentale». Il a remué ciel et terre. Il a demandé à Bernard Kouchner d'insister auprès de Hillary Clinton. Il a fait appel au valeureux Pierre Vimont et à tous les services de l'ambassade de France à Washington. Son propre service de presse a cru bon d'intoxiquer les médias, en faisant croire que, juré-craché, Barack Obama viendrait le 3 avril sur les plages de Normandie et partagerait un repas avec Nicolas Sarkozy. Mais, malgré la présence de plusieurs francophones à des postes clés à la Maison-Blanche, rien n'a marché.

Le nouveau président américain - qui a reçu à Washington Gordon Brown, les numéros un australien et japonais et même le ministre des Affaires étrangères chinois - a repoussé plusieurs demandes pressantes, presque gênantes, de l'Elysée. Finalement il ne verra Nicolas Sarkozy, dans un «cadre bilatéral» selon l'étrange expression de l'Elysée, que cinq mois après son élection. Ce sera à la fin de cette semaine, lors du sommet de l'Otan de Strasbourg-Kehl. Il n'irait en Normandie (mais non à Paris) que le 6 juin : et encore ne s'agirait-il là que d'une courte étape, pour célébrer le 65e anniversaire du Débarquement, avant une rencontre avec Dmitri Medvedev à Moscou.

Et puis, cerise sur le cake, il y a cette lettre, cette maudite lettre qui, selon plusieurs témoins, a rendu fou Nicolas Sarkozy : la missive que Barack Obama a adressée à Jacques Chirac au début de mars. Le président américain y déclare au prédécesseur de Nicolas Sarkozy qu'il est prêt à travailler avec lui «pour la paix». A l'Elysée, on s'empresse de dire qu'il ne s'agit là que d'un courrier protocolaire adressé à la Fondation Chirac en réponse aux félicitations de l'ancien président, ce qui est vrai. On affirme aussi qu'il ne faut pas du tout y voir un coup de chapeau pour son opposition militante à la guerre en Irak, à laquelle Barack Obama était lui aussi, à la différence de Nicolas Sarkozy, farouchement hostile. La Maison-Blanche ne commente pas ce point. Quoi qu'il en soit, l'Elysée a pris le courrier pour un croche-pied, une mise en garde politique aussi. Car il y a autre chose, que l'on tente tant bien que mal de cacher, des deux côtés de l'Atlantique : les multiples divergences de fond entre l'Elysée et la Maison-Blanche. Dans le débat planétaire sur la relance économique et la régulation financière.Barack Obama privilégie la relance, le président français la régulation. Et il y a d'autres sujets de tension.

A Washington, on s'agace
L'Iran d'abord. Nicolas Sarkozy et Bernard Kouchner ont dit à plusieurs reprises leur inquiétude de voir le jeune président américain négocier trop tôt avec le régime de Téhéran, ce qui risquerait selon eux de réduire à néant six ans de diplomatie européenne. Le 11 février à Koweït, le chef de l'Etat fait publiquement la leçon à son homologue américain. Il veut lui dicter son timing «Je souhaite vivement, dit-il, que Barack Obama engage ces discussions [avec l'Iran], (...) mais il est sage d'attendre que l'élection ? [présidentielle de juin] se déroule.» Il sous-entend que toute ouverture précipitée ferait le jeu d'Ahmadinejad, qui est candidat à sa propre succession.

A Washington, on s'agace. Deux émissaires sont aussitôt dépêchés à Paris : Dennis Ross, conseiller de Hillary Clinton sur l'Iran, et William Burns, le numéro trois du Département d'Etat. Le 20 mars, un mois après l'esclandre de Koweït, Nicolas Sarkozy change de ton : «Je ne pense pas, dit-il à Bruxelles, que le problème de l'élection en Iran soit aussi important qu'on le dit», oubliant que c'est lui-même qui l'avait soulevé... Bref, sur ce sujet les divergences franco-américaines ont été aplanies - pour le moment en tout cas.

Sur l'Afghanistan, elles sont toujours là et bien là. Officieusement, l'administration Obama a plusieurs fois demandé davantage de troupes à la France. Mais Nicolas Sarkozy a dit non. «On ne peut pas vendre aux Français à la fois le retour de la France dans l'Otan et un contingent supplémentaire en Afghanistan. Ce serait politiquement suicidaire», explique un haut responsable à Paris. A Washington, on dit comprendre. Mais on voudrait au moins que les Français dépêchent plus de gendarmes pour former des policiers afghans. Car une police efficace pour «tenir» le terrain repris aux talibans, voilà l'une des clés de la stratégie que Barack Obama a présentée la semaine dernière. A Paris, on est d'accord pour faire quelques efforts symboliques mais dans le cadre de l'Union européenne. «Non, il faut que ce soit dans le dispositif de l'Otan», a rétorqué Joe Biden, à la mi-mars à Bruxelles. Pour l'instant le dossier en est là.

Autre dissonance : Guantanamo. Si Bernard Kouchner n'est pas hostile à l'accueil par la France de certains ex-détenus, afin d'aider l'administration américaine à fermer cette prison de la honte, la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie freine des quatre fers. Si bien qu'en France comme dans toute l'Europe ce dossier-là aussi, pourtant si important pour Obama, traîne.

Et puis il y a ce dont on ne parle jamais en public : le nucléaire militaire. Barack Obama a fait du désarmement l'une des clés de voûte de sa politique étrangère. Il va négocier avec Moscou des réductions drastiques des arsenaux stratégiques. A Paris, on redoute qu'il ne tente de pousser la France à faire de même. L'inquiétude a monté d'un cran ces derniers jours. Car, s'alignant sur la position radicale d'Obama (Global Zero : pas d'armes nucléaires à terme), Gordon Brown a annoncé que la Grande-Bretagne était prête à rogner encore sur son propre arsenal, ce qui risque d'isoler diplomatiquement la France. Ce n'est pas tout. La Maison-Blanche vient de désigner comme ambassadeur à l'Otan Ivo Daalder, un chaud partisan de Global Zero que l'on n'apprécie guère à Paris.

Heureusement, il y a la Russie et l'Europe de l'Est. Récemment, le conseiller d'Obama à la sécurité, le général Jones, a fait savoir qu'il n'était plus vraiment question d'ouvrir les portes de l'Otan à la Géorgie et à l'Ukraine, ni lors du sommet de Strasbourg-Kehl ni même, a-t-il dit, plus tard. Sur ce point, la France et l'Amérique sont désormais sur la même longueur d'onde. Sur la Syrie aussi, que Nicolas Sarkozy a sortie de son isolement et qui, depuis quelques semaines, a engagé des négociations avec l'administration Obama. C'est déjà ça.
Vincent Jauvert
Le Nouvel Observateur, 3 Avril 2009
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26 Mars 2009
ihttp://jeanmarcelbouguereau.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/03/26/obama-sarkozy-deux-visions-deux-politiques.html
Alors que le Trésor américain a présenté (...) son projet de réforme de la régulation du système financier, prévoyant de durcir les normes existantes et d'assujettir au contrôle des autorités un grand nombre d'entreprises ou de marchés qui y échappaient jusqu'ici, Barack Obama s’est lancé (...) dans une opération inédite de « démocratie participative ». Lui qui, tout au long de sa campagne, avait largement utilisé les moyens d’Internet pour mobiliser ses troupes, a à nouveau innové en proposant aux Américains la première réunion publique en ligne. "Nous allons essayer quelque chose d'un peu différent: nous allons mettre internet à profit pour vous faire tous venir à la Maison Blanche parler de l'économie", a-t-il dit dans la vidéo postée sur le site de la Maison Blanche et conviant les Américains à ce meeting d'un nouveau genre. "Comme cela, je peux me faire une idée de ce qui vous préoccupe et vous répondre directement". Il les a appelés à aller sur le site de la Maison Blanche, à soumettre leurs questions et à voter pour celles qui leur paraissaient les plus importantes. Seule condition: que les questions portent sur l'économie.
Un meeting virtuel de 90 000 personnes et la participation de 3,5 millions de citoyens
Une initiative sans précédent. Au bout du compte plus de 90.000 personnes avaient posé plus de 100.000 questions, et plus de 3,5 millions avaient voté pour leurs questions préférées. S’agissant de disposer d'un "instantané de ce qui compte pour les Américains à travers le pays", Obama aura eu la confirmation qu'ils s'inquiètent pour leur travail, pour leur couverture santé ou pour leur éducation, autant de sujets de préoccupation pour lui-même. Un meeting virtuel de 90 000 personnes et la participation de 3,5 millions de citoyens, cela avait une autre gueule que le meeting très traditionnel, très encadré de Nicolas Sarlozy à Saint Quentin, style grande messe avec le tribun sur une estrade encadrée de drapeaux, et devant lui, placés en rangs tracés au cordeau, des membres de l'UMP, applaudissant avec un ensemble parfait. Après on s’étonne que Barack Obama n’ait même pas consigné sur son agenda de mardi la demi-heure de visioconférence avec Nicolas Sarkozy …

Deux pratiques, deux styles et aussi deux politiques
 
D’un côté, Nicolas Sarkozy, brandissant son courage en étendard mais choisissant de ne pas effrayer l’opinion qui pourrait se recroqueviller sur son portefeuille, préfère comprendre les « inquiétudes » des Français et les bercer d’illusions, en minimisant la situation et en continuant une politique d’offre, dans l’espoir de tenir et que tout repartira comme avant. D’où son insistance à maintenir le bouclier fiscal, à ne pas imposer plus les Français afin que, lorsque les beaux jours seront revenus, les investissements reprendront.

Qui, d’Obama ou de Sarkozy aura vraiment pris la mesure de la crise ?

Alors que le chômage vient d'atteindre aux USA un niveau record en 25 ans, Barack Obama a prévenu jeudi que les Etats-Unis allaient continuer à perdre des emplois cette année. Vous avez entendu Sarkozy sur le chômage ? Alors qu’il y a une semaine, la Chambre des Représentants a massivement voté en faveur d’un projet de loi qui imposerait à 90% les primes octroyées aux cadres gagnant plus de 250 0000 dollars par an dans des entreprises ayant reçu plus de 5 milliards d’aide publique, il a fallu attendre une réunion en urgence, mercredi 25 mars, pour que le gouvernement décide d’encadrer les rémunérations patronales dans les entreprises aidées. Mais pas question d'aller plus loin, de faire une loi sur les rémunérations patronales.(...)
jean Marcel Bouguereau

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Mediapart 3 Avril 2009
Si les deux présidents se sont éloignés, c'est en partie parce que la crise économique a révélé des différences fondamentales. Entre Obama et Sarkozy, ce sont deux politiques, deux visions et deux gestions de la crise qui s'opposent.(...)
 La veille du meeting virtuel de Barack Obama, de l'autre côté de l'Atlantique, Nicolas Sarkozy prononçait un discours intransigeant à Saint-Quentin (Aisne). Une messe très encadrée dans le fief du «chouchou», Xavier Bertrand, et devant des militants UMP triés sur le volet.

 Selon Denis Bertrand, professeur de sémiotique à l’Université Paris 8, qui a passé au crible les discours des deux présidents pour le Nouvel Obs, tout les oppose : les mots, les gestes, le ton, le style. Si le discours d'Obama inspire de la confiance, celui de Sarkozy reste anxiogène, analyse-t-il.

voir la video :

http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/economie/20090402.OBS1825/barack_obamanicolas_sarkozy__deux_discours_a_loppose.html

 Sur le fond, les deux dirigeants sont d'accord pour introduire un peu plus de morale dans le capitalisme mais ne s'entendent pas sur la façon de le faire. Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel plaident pour une «nouvelle architecture financière globale» et une «refondation du capitalisme», tandis que Barack Obama préfère parler de coordination des politiques nationales.

 Cette semaine, le ton est monté côté français, Nicolas Sarkozy menaçant de faire capoter le G20. «Obama débarque, Sarkozy se braque», titrait Libération le 1er avril, évoquant notamment une «question d’ego, comme souvent avec Sarkozy». En privé, le président français se lâche, rapporte Le Parisien : «Le monde est assez vaste on peut être deux, trois ou quatre», aurait-il lancé, faisant allusion à l’arrivée d’Obama à la tête de la première puissance mondiale, et ajoutant qu’ainsi «il se place sur un pied d’égalité avec le chef de la première puissance mondiale».

Mais des deux côtés, on met tout en œuvre pour ne pas donner l'impression d'une brouille. Vendredi, les deux First Ladies, Michelle et Carla, se rencontrent à Strasbourg. Un déplacement du président américain pour l'anniversaire du débarquement le 6 juin est envisagé (une délégation américaine est venue récemment en repérage). Mercredi, au micro de Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1, le chef de l'Etat s'est efforcé de tempérer la situation, saluant le beau parcours du 44e président des Etats-Unis dans un pays où «les Noirs ne mangeaient pas dans le même restaurant que les Blancs il n'y a pas si longtemps». Il s'est même fendu d'un «bienvenue monsieur Obama». Tout en se présentant comme un «ami debout» des Etats-Unis.

Publié dans Amérique

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