Déplacement de Mme Ségolène Royal aux Etats-Unis (17 janvier – 21 janvier)

Publié le par desirsdavenirparis5

Ségolène Royal : "J'ai inspiré Obama et ses équipes nous ont copiés" Washington, envoyé spécial
LE MONDE | 20.01.09 | 08h58  •  Mis à jour le 20.01.09 | 09h03
Elle
ne voit pas pour quoi elle "n'assumerait pas : oui, j'ai inspiré Obama et ses équipes nous ont copiés". C'était au temps où elle était candidate à la présidence et où Barack Obama envisageait seulement de réussir à l'être. Il a envoyé une équipe à Paris étudier son site Désir d'avenir. "Chez nous ils ont enregistré les idées de 'gagnant-gagnant', de 'citoyen-expert'" Ensuite, M. Obama a adapté sa "démocratie participative" à la mode américaine, "fort différente de l'européenne". Aux Etats-Unis, tout n'est que "communautés" – ethniques, religieuses, culturelles, urbaines, même les quartiers d'habitations s'intitulent "communities". En Europe, on parlerait de collectivités, de mouvements, d'associations, de réseaux. Mais l'idée, dit-elle, lundi 19 janvier, à Washington, est la même : refonder la manière de faire de la politique, la relation entre les élites et le peuple.
Ségolène Royal est à Washington parce qu'elle a "le sens de l'histoire". Et surtout, ce moment-là, elle avait "envie de le sentir autrement que devant un écran de télévision". Soudain, on lui apporte une enveloppe. A l'intérieur, le ticket béni. Elle ne sera ni au premier rang, ni même au vingtième. Mais elle aura été là, à 200 mètres du lieu ou Barack aura prononcé les mots d'acceptation qui en auront fait le 44e président des Etats-Unis. Elle pourra dire "j'y étais" et se moque bien des commentaires aigres-doux qu'elle pourra susciter, à gauche ou à droite, en France.
QUI RENCONTRE-T-ELLE ? ON N'EN SAURA PEU
Elle en est certaine, elle aura assisté à "moment essentiel à l'échelle du siècle", à un "basculement vers le futur". Ce ne sont pas ses propres mots, dit-elle, mais ceux qui reviennent dans la bouche de tous ses interlocuteurs américains, "gens de la rue et élites". Car elle est là aussi pour travailler. Qui rencontre-t-elle ? On n'en saura peu. Elle n'est pas là pour parler d'elle-même ni de politique française, mais de Barack Obama. "On doit tous s'interroger : cette audace américaine doit irradier l'ensemble du monde." En réalité, en évoquant le nouveau président américain, en filigrane, elle parle d'elle.
Cette "conception nouvelle du leadership", c'est celle qu'elle aspire à imposer de son côté. Parce que "plus on écoute les gens, plus on anticipe, plus l'autorité s'affermit. Obama a théorisé cette vision". Pour preuve, clame-t-elle, il n'a pas mis fin au mouvement qu'il a généré une fois son élection acquise. Au contraire, durant les dix semaines de transition, il a ouvert le débat sur sur son site à toutes les suggestions, toutes les initiatives, "et personne n'a dit : il ne sait pas ce qu'il veut faire". Dans nos sociétés en crise, l'instauration d'"un flux relationnel continu entre le peuple, les experts et celui qui décide" ouvre la voie vers la sortie de l'impasse dans laquelle se meurt la politique. Et c'est encore plus vrai dans les phases de grandes difficultés, où seule, ajoute-t-elle, la "pédagogie de la décision" peut faire accepter les sacrifices.
La crise, elle en est convaincue, n'est pas qu'économique, mais "morale, sociale, politique et institutionnelle". Ce qui la séduit le plus, en Obama, c'est sa capacité à mobiliser dans la ferveur et, conjointement, son appel constant à la responsabilité de chacun. Sa manière d'inventer un nouveau vivre-ensemble, dit-elle. Le verbe n'est peut-être pas aussi brillant que chez le nouveau président américain, mais l'aspiration est là. C'est dans "la même démarche" qu'elle se rendra, fin janvier, au Forum social mondial de Belem (Brésil). M. Obama n'y a pas encore annoncé sa participation.
Sylvain Cypel


J'irai à Washington assister à l'investiture de Barack Obama. L'Inaugural Address d'un président des États-Unis, plus encore que le discours délivré à l'annonce de sa victoire, est le moment où il définit la signification de son élection.
Mesurer la portée de cet évènement est essentiel à qui veut comprendre les Etats-Unis d’aujourd’hui, la situation mondiale et, comme en miroir, notre rôle, à nous Français et Européens.
Il ne suffit pas de dire que, par la couleur de sa peau, Barack Obama symbolise la réconciliation « raciale. » Il s'agit plutôt de comprendre pourquoi la réconciliation des États-Unis avec eux-mêmes a toujours dû passer par la réconciliation entre les différentes communautés, depuis le « péché originel » de l’esclavage. 
Cette réconciliation est déjà en marche. Par un recours constant à la démocratie participative, Barack Obama est parvenu à toucher tous les Américains, par-delà leurs appartenances raciales, sociales ou religieuses. Il a ainsi contribué à vivifier une démocratie américaine pervertie par la collusion entre intérêts économiques et politiques que l’Administration Bush entretenait sciemment. 
Cette réconciliation a aussi des prolongements politiques et économiques, déterminants dans le contexte actuel de crise. Barack Obama a redonné au pouvoir politique une légitimité qui, de Reagan à Bush, lui avait été trop souvent déniée. Il pourra ainsi s'appuyer sur l'État central pour relancer et réguler l'économie américaine. Certes, il y a du Lincoln et du Martin Luther King dans Obama, mais encore du Franklin Roosevelt.
Sur le plan international, son élection a levé un verrou et, dans une certaine mesure, élargi l’univers des possibles. Elle rend enfin envisageable l’idée d’une réconciliation des Etats-Unis avec le monde et ouvre ainsi la voie à une résolution commune des grands défis de notre temps. Crise économique et sociale planétaire, crise environnementale qui menace la survie même du genre humain, crise énergétique, crise des matières premières, crise alimentaire, crise militaire au Moyen-Orient : rarement plus qu'en ce début de 21e siècle, l'humanité n'a pris conscience d'habiter le même monde, et rarement la nécessité de son unification ne s'est faite sentir avec autant d'urgence. 
Comme je l’écris dans Si la gauche veut des idées, la « mondialisation » est contradictoire : entre une interdépendance économique et financière d’un côté et une intégration politique inexistante de l’autre. La question de ce siècle est donc celle de la cohérence à inventer entre mondialisation économique et nécessaire mondialisation politique. Pour la France et l'Europe, la question se décline : quelle serait leur place dans cette mondialisation politique ? Car une chose est certaine : les Etats-Unis ne pourront agir seuls.
Pour l'Europe, je tire une recommandation : engager une nouvelle étape de notre intégration, pour qu'un jour nous puissions parler au reste du monde d'une seule voix, plutôt que de dialoguer de manière dispersée avec des partenaires différents, comme nous le faisons encore trop fréquemment.
Pour la France, j'en tire deux perspectives. D’une part, reprendre l'initiative de l'intégration européenne. D’autre part, diversifier nos amitiés. Nous devons ouvrir un dialogue constructif avec l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Inde, la Chine, le Moyen-Orient. En me rendant au Chili, au Proche-Orient et en Chine pendant la campagne présidentielle, en me rendant depuis en Argentine, en Inde et au Maroc, j'ai tenté, à ma mesure, de montrer cette préoccupation.
 
L’investiture de Barack Obama sera l’occasion de me rendre dans les différents lieux de Washington symboliques de l’histoire politique américaine. Je serai accompagnée par M. Christian Monjou, spécialiste de l’histoire des Etats-Unis et des relations franco-américaines: 

Lincoln Memorial

Abraham Lincoln, l’homme de la Proclamation d’émancipation des esclaves noirs (1863), garant de l’unité américaine pendant la Guerre de Sécession, est une des figures historiques dont se réclame Barack Obama. Le Mémorial qui lui est dédié est un lieu particulièrement symbolique : Martin Luther King, autre inspirateur du nouveau Président, y prononça son célèbre discours « I have a dream » (1963). Un concert s’y tiendra à l’occasion des cérémonies d’investiture, autour du thème de l’unité (« We are one »).
 
Franklin Delano Roosevelt Memorial

L’homme du New Deal et de la lutte contre la Grande dépression qui suivit la Crise de 1929. Un message politique : la réaffirmation du rôle de l’Etat pour assurer la prospérité économique des Etats-Unis. Une actualité immense...
 
Smithsonian American Art Museum
L’identité politique américaine et ses mythes fondateurs à travers les tableaux du Musée d’art américain : Indian Gallery (George Catlin), Cape Cod Morning (Edward Hopper)...
 
Résidence de Georges Washington à Mont Vernon
Premier Président des Etats-Unis, Washington est un des Pères fondateurs de la nation américaine. Sa résidence abrite encore aujourd’hui les clés de la Bastille, symbole de l’ancienneté des liens entre la France et son pays.
 
Au cours du déplacement, j’aurai des contacts destinés à évoquer la situation économique et sociale. Des entretiens avec des experts ayant travaillé sur la relance de l’économie américaine sont notamment organisés par M. Philippe Aghion, professeur d’économie à l’Université Harvard. Je rencontrerai par ailleurs des chefs d’entreprise français installés aux Etats-Unis.

Les rencontres suivantes sont également prévues :

 Entretien avec le Président du German Marshall Fund (GMF)
Le GMF est un des grands think tanks américains. Promoteur d’une meilleure coopération et d’une plus grande compréhension entre les Etats-Unis et l’Europe.
Un pont entre nos deux continents. 
 
Participation à la journée Matin Luther King, dédiée au bénévolat

 Washington est une des villes où les inégalités sociales sont les plus criantes. Il sera particulièrement utile de voir comment travaillent les associations et les acteurs sociaux dans les quartiers déshérités de la capitale. Seront organisées :
 · Une rencontre avec une association de quartier (Bibliothèque Martin Luther King, à l’occasion d’une distribution d’aide alimentaire à laquelle participera le Maire de Washington, M. Adrian Fenty. 

 · Une réunion de travail avec quatre associations investies dans l’animation sociale et l’« organisation de communautés » (community organizing). Inspirée de l’action et de la méthode de Saul Alinsky, cette forme d’intervention sociale vise à renforcer la capacité des habitants de quartiers populaires à agir sur leur vie et redevenir maître de leur destin.  Elle a profondément influencé Barack Obama, qui fut lui-même community organizer dans un quartier noir de Chicago et Hillary Clinton, qui rédigea un mémoire sur les travaux d’Alinsky.
Ségolène Royal
Contact  : M. Cyril Piquemal, Directeur de cabinet (cpiquemal@gmail.com ; 06 79 40 66 32)

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